Côté association

Cours d’alphabétisation
/ Les assos ne baissent pas les bras

© Bergoda
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Jean Castex, le Premier ministre, déclarait jeudi 29 octobre avant l’entrée de la France dans sa deuxième phase de confinement, qu’il serait possible de continuer à se former. Mais qu’en est-il pour les cours d’alphabétisation délivrés aux migrants ? À Saint-Denis, la mission Padoc (Permanence d’accueil et d’orientation des demandeurs de cours de français), assurée par Raouf Boutbiba, évalue les demandeurs et les répartit dans les différentes structures dispensant des cours (environ une vingtaine) en majorité des associations. Pour elles, le premier confinement a été une épreuve à surmonter.

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« On a dû tout arrêter. On n’était pas prêt pour des cours à distance », explique Jérôme Calauzenes de Foyer Pinel. Le site de l’association, actuellement en travaux, devrait à terme pouvoir fournir une offre de cours en ligne. « On a orienté notre bénévolat vers la distribution alimentaire », ajoute M. Calauzenes. Il faut dire que les apprenants qui fréquentent les cours d’alphabétisation appartiennent à une population qui a pris la vague Covid de plein fouet. Travaillant majoritairement en dehors des circuits légaux, ils n’ont pas bénéficié des aides de l’État. Quant à Bruno Mercier, d’Alphadep, il confie : « On a essayé de faire cours à distance via Skype ou Zoom ou encore WhatsApp. »

Aucune des deux associations n’a baissé les bras. À Foyer Pinel, des bénévoles se sont relayés pendant l’été pour entraîner les inscrits aux sessions d’examens. Initialement prévues en juin, elles se sont déroulées en septembre. Et il a fallu envisager la rentrée. Les deux structures se sont adaptées. Port du masque, gel hydroalcoolique à disposition et surtout limite du nombre de personnes à chaque cours. Et elles ont dû prospecter pour trouver de nouveaux locaux. PCH a cherché des solutions avec la mise à disposition de LCR (locaux communs résidentiels). Si à Alphadep on est passé de 270 apprenants à 100 cette année, en priorisant les inscrits des années précédentes, Foyer Pinel est passé de 60 à 75 bénévoles pour faire face à la demande.

D’autres associations, comme Abef (Association bienvenu en France) et Africains sans frontière (ASF) ont plus de difficultés. Si ASF prévoit de relancer son activité en janvier prochain, l’Abef ne pense pas reprendre avant la rentrée scolaire de septembre. Ces décisions ne sont pas sans rapport avec le fait que l’apprentissage du français pour adultes repose en majorité sur les épaules des bénévoles. Souvent retraités, ils font partie des catégories vulnérables face l’épidémie de Covid-19. Et pour cette nouvelle phase de confinement, ils exerceront à distance.

Véronique Le Coustumer