Aïssatou Thiam, fille du monde

Originaire d’un mélange de cultures diverses, Aïssatou Thiam est née à Dakar d’une mère française aux origines juives espagnoles et antillaises, et d’un père sénégalais. Cependant, elle a grandi à Marseille, où sa famille s’était installée depuis de nombreuses années. Malheureusement, sa vie a commencé de manière difficile lorsque son père a disparu et que sa mère est décédée dans un accident de voiture alors qu’elle n’avait que 4 ans et demi.

Heureusement, son grand-père a pris soin d’elle et l’a élevée, évitant ainsi qu’elle soit placée en foyer. Aïssatou se souvient avec émotion que c’est lui qui lui a transmis les bases de la vie. Malheureusement, son grand-père est également décédé des suites d’une maladie, laissant sa sœur aînée devenir sa tutrice. À l’âge de 17 ans, Aïssatou a intégré une école d’esthétique, ce qui a marqué un tournant dans sa vie.

En tant que bonne élève, Aïssatou a commencé à travailler chez Sephora en tant que conseillère vendeuse. Cependant, sa carrière a pris un virage inattendu lorsqu’elle a été repérée par un chasseur de têtes et est devenue mannequin. Au début, elle était réticente à cette idée, mais elle a finalement accepté. Elle a commencé à travailler dans le sud de la France, notamment à Marseille, Arles, Monaco, Cannes et même en Italie. Puis elle a déménagé à Paris où elle a travaillé pour des marques de renommée mondiale telles que Thierry Mugler, Paco Rabane, Yves Saint-Laurent, Givenchy et Ted Lapidus. Ces expériences lui ont permis de voyager beaucoup et d’élargir son horizon.

Cependant, être une femme noire dans l’industrie de la mode n’était pas toujours facile pour Aïssatou. En 1993, elle a eu une opportunité de jouer dans le film L’Irrésolu, de Jean-Pierre Ronssin, où elle a joué la femme de Vincent Lindon. Cette expérience l’a poussée à prendre des cours de comédie et elle est rapidement tombée amoureuse de cet art. Elle a ensuite joué dans plusieurs films pour le cinéma et la télévision, mais elle a également été confrontée aux limites imposées par le regard des autres sur la couleur de sa peau, ce qui l’a amenée à se questionner sur ses racines.

En 1997, Aïssatou a décidé de partir à New York, où elle a vécu pendant quatre ans. Elle a décrit cette expérience comme un choc, mais aussi comme une période où elle s’est sentie enfin acceptée telle qu’elle était. Pendant son séjour, elle a continué à travailler en tant que mannequin tout en suivant des cours de comédie, notamment avec Al Pacino. En 2001, elle est rentrée en France pour prendre soin de sa sœur accidentée et a réalisé que la France était son véritable pays.

Cependant, le retour en France n’a pas été facile pour Aïssatou. Le monde de la mode avait changé et elle se sentait dépassée par l’arrivée de nouvelles jeunes talents. Elle a donc enchaîné les petits boulots et les petits rôles jusqu’à ce qu’elle obtienne le rôle de Rosalie dans la célèbre série télévisée Tropiques amers, diffusée sur France 2. Elle a également animé des ateliers de théâtre et a joué au théâtre, notamment dans la pièce Working girls, mise en scène par Michael Batz et présentée à la Ligne 13 en 2011.

Aujourd’hui, Aïssatou réside à Saint-Denis, une décision qui n’est pas un hasard. Elle avait déjà fréquenté les sessions slam du Café culturel avec Jacky Ido, son partenaire dans Tropiques amers, et avait participé à la commémoration de l’abolition de l’esclavage avec l’association CM 98 en 2008. Ce qui lui plaît dans cette ville, c’est l’émulation culturelle présente dans une atmosphère populaire. Pour participer davantage à cette dynamique, elle a récemment créé une association, Art Lab, avec laquelle elle souhaite travailler le théâtre avec des jeunes. Elle est convaincue qu’il y a beaucoup à faire dans cette ville et ne compte pas baisser les bras.

Harry L
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