En ville
L’extension du domaine de la sauvette
À la mi-avril, plusieurs dizaines d’habitants du quartier Charles-Michels ont adressé une pétition à la municipalité pour se plaindre des désagréments qu’ils subissent depuis longtemps déjà : « Finissons-en avec les rues qui dégagent des odeurs d’urine, qui montrent des poubelles débordantes. Cessons de subir les divers événements d’insécurité. » Les riverains du parvis ouest de la gare y dénonçaient notamment les vendeurs à la sauvette « qui occupent l’espace public en permanence », et particulièrement « les vendeurs de brochettes qui enfument le parvis de la gare ». L’amicale des locataires et le collectif d’habitants, « usés psychologiquement », demandent une réunion en urgence en présence du commissaire, du préfet et des élus concernés.
« Quand on n’est pas embêtés par les bus qui laissent leur moteur tourner en bas de chez nous, c’est la fumée qui se dégage du camp de Roms qui rentre dans les appartements », témoigne une habitante de la rue Charles-Michels. À cela s’ajoute le sentiment que les politiques publiques ne prennent adéquatement pas en compte le quartier Confluence : « À chaque fois qu’un dispositif est mis en place – la ZSP, les Médiateurs de nuit, maintenant la vidéosurveillance – ça s’arrête avant notre quartier », regrette Françoise Gourdon, qui ajoute : « J’habite ici depuis 1995 et depuis cette date j’entends parler du quartier qui va changer, mais la réalité nous prouve le contraire. » La même a également interpellé le préfet de Seine-Saint-Denis par courrier : « La police est dépassée. […] Quand ce ne sont pas les vendeurs de brochettes, ce sont les attroupements d’individus qui s’alcoolisent ou se droguent ou dealent. En ce qui me concerne, ce que nous vivons au quotidien dans cette ville relève de la maltraitante.
« Il est urgent de mettre un terme à ce phénomène en plein développement », écrit le maire au préfet
De toute évidence, le nombre de vendeurs à la sauvette en tout genre ne cesse d’augmenter et leur périmètre de s’étendre. Dans une lettre adressée au préfet le 31 août, le maire souligne que « la situation s’est particulièrement aggravée avec des points de vente qui se sont multipliés ». Outre la rue de la République et la gare envahies depuis longtemps, les places du Caquet et du 8-Mai-1945, la Porte de Paris, sont désormais concernées. « Il est urgent de mettre un terme à ce phénomène en plein développement », écrit le maire au représentant de l’État, à qui il demande « des moyens supplémentaires » arguant que la ville a de son côté augmenté le nombre de ses policiers municipaux (36 agents contre 54 d’ici la fin de l’année).
Didier Paillard suggère également à Philippe Galli d’organiser « une réunion d’urgence avec les autres acteurs concernés, notamment la SNCF et la RATP, afin que nous puissions coordonner nos actions ». À défaut d’être endigué, « ce phénomène qui porte gravement atteinte au cadre de vie et à la tranquillité des Dionysiens et des usagers de l’espace public » est clairement pointé par le maire comme une priorité à solutionner. Le renfort d’une présence humaine dissuasive paraît inévitable : depuis plusieurs semaines, des policiers municipaux arpentent un linéaire allant du début de la République à la Gare... Sitôt passés les uniformes, les vendeurs illégaux se réinstallent. Autre piste mise en avant en mairie, la sensibilisation des acheteurs, notamment de denrées alimentaires. Une étude sur l’hygiène des brochettes et des maïs saisis sera rendue publique sitôt les résultats connus, confie-t-on au cabinet du maire.
Sébastien Banse et Dominique Sanchez