Portrait
Mehdi Bouloussa/
L’enfant du club
Dans la famille, comme elle aime se décrire, du Saint-Denis US TT 93, l’équipe masculine compte dans ses rangs un joueur qui a grandi en même temps que le club. Il s’agit de Mehdi Bouloussa. Lui seul peut résumer le passé, le présent et le futur de la structure du tennis de table local. Celui qui a grandi aux limites de Pierrefitte-sur-Seine et de Saint-Denis se considère d’ailleurs « davantage comme un Dionysien ».
C’est dans ce petit périmètre comprenant l’école et accueil de loisirs Roger-Sémat et La Raquette que l’histoire d’amour entre Mehdi Bouloussa et le Sdus TT 93 s’écrit. « J’habitais à 50m de mon école et 80m de la salle à pied, tout était proche pour moi », résume le pongiste dionysien. C’est à l’accueil de loisirs qu’il commence à pratiquer le ping-pong régulièrement. L’avantage de ce sport réside dans le fait qu’il soit facilement accessible aux jeunes : les tables de ping sont presque autant présentes que les paniers de basket et les cages de football. De quoi lancer des vocations, surtout quand Saint-Denis se dote d’une salle entièrement dédiée au tennis de table en décembre 2003.
« J’ai vu La Raquette se construire juste en face de moi. Une fois qu’elle a été inaugurée, j’ai traversé la rue pour essayer d’y jouer et de voir si ça me plaisait », confie Mehdi, 14e joueur français et 410e mondial. Quelques mois après l’inauguration, l’essai est concluant et il décide d’intégrer définitivement le club à ses 9 ans. Il fait toutes ses classes juniors au Sdus TT 93, dans lequel « il se sent bien » et qui a favorisé sa progression. Mais comme dans chaque famille, en grandissant le jeune veut s’émanciper.
Un exil porteur
Alors que la France entame sa troisième semaine de confinement, certains n’ont pas obligation à rester chez eux. Mehdi Bouloussa en fait partie. Non pas qu’il soit un privilégié mais juste parce que son lieu de résidence n’est pas dans l’Hexagone. Le pongiste professionnel du Saint-Denis US TT 93 a depuis quelques années décidé d’habiter en Scandinavie, du côté de la Suède précisément. Jamais confinée depuis le début de l’épidémie de Covid-19 et non obligée de porter le masque, la population suédoise n’a pas les mêmes contraintes que les Français. Une aubaine pour Mehdi qui peut s’entraîner plus aisément sur un rythme de 30 heures par semaine. L’éloignement lui provoque-t-il le mal du pays ? « J’ai tellement eu l’habitude de ne pas être chez moi ! Cela fait treize ans que je voyage régulièrement, détaille le pongiste de 25 ans. En plus, le fait d’avoir régulièrement des compétitions internationales, cela ne m’affecte pas tellement. Mais bon, je reviens assez souvent grâce aux matches de championnat, du coup je suis content. » Ce n’est pas la première fois qu’il se trouve loin de la ville où il a grandi.
Le Pierrefittois a même connu un autre club que le Sdus TT 93 entre2011 et 2013 lorsqu’il a joué à Fontenay-sous-Bois : « Même quand je suis parti, le Sdus m’a dit que la porte m’était toujours ouverte. » Revenu depuis défendre les couleurs dionysiennes, son emploi du temps chargé ne l’empêche pas d’être un élément moteur. « C’est bien d’échanger avec les jeunes pour leur montrer mon parcours car j’étais comme eux et ça leur permet d’éveiller leur passion. Je pense qu’ils sont même un peu impressionnés. Je les vois les yeux écarquillés, ils sont vraiment à l’écoute, ça doit les toucher », explique Mehdi sur son rôle au sein du club. Son engagement peut l’emmener après sa carrière jusqu’à celui d’entraîneur, métier pour lequel il a commencé à se former et dont l’ambition à terme serait éventuellement de coacher à Saint-Denis pour boucler la boucle. Le club le soutient totalement dans sa démarche. Il reste sur une victoire dans un tournoi challenger disputé en Suède en septembre dernier. Avec neuf victoires en neuf matches, Mehdi y a battu des joueurs mieux placés que lui au niveau mondial, ce qui lui arrive régulièrement. Désormais, le pongiste se rapproche d’un retour à la compétition nationale, avec la Pro A, feuilleton annuel du Sdus TT 93.
Un match programmé à Morez le 24 novembre, avant un retour à La Raquette le 29 novembre à 15 h 30. Deux rencontres disputées à huis clos en raison des mesures sanitaires actuellement en vigueur dans le pays. Objectif maintien dans un premier temps et, si la dynamique se confirme, aller titiller le haut du tableau. L’occasion pour Mehdi de conclure avec un message pour ses coéquipiers qu’il va bientôt retrouver : « Malgré les conditions actuelles, ça va être une bonne saison pour nous, je le sens bien ! »
Christopher Dyvrande