En ville

L’avenir incertain de la MSH

La construction – dans la douleur – du nouveau bâtiment de la Maison des Sciences de l’Homme est à peine achevée que les sciences sociales doivent batailler pour pouvoir occuper les lieux qui leur sont destinés. Explications.
La MSH, avenue George-Sand à la Plaine
La MSH, avenue George-Sand à la Plaine


La Maison des Sciences de l’Homme en a fini avec les travaux, ou presque. Après dix années d’un chantier chaotique – dix-huit mois d’arrêt – l’immeuble de la MSH édifié à la Plaine n’attend plus que le passage de la commission de sécurité, le 16 décembre, pour disposer du feu vert synonyme d’installation prochaine. Pourtant, alors que l’on se rapproche des cérémonies inaugurales, l’heure est à l’inquiétude et à l’incompréhension. Du côté de la ZAC Montjoie, où la MSH est toujours installée, les raisons de la colère sont liées aux visées de l’université Paris 13.


Le nouveau bâtiment, le premier du futur campus Condorcet, a été conçu dès l’origine pour y accueillir la MSH. Or, Paris 13 désignée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour en être maître d’ouvrage et affectataire a une autre idée en tête. Elle voudrait y loger l’antenne parisienne de l’École des hautes études de santé publique (EHESP). 


La MSH qui a besoin de 105 postes de travail se retrouverait dans un espace nettement plus petit que celui qu’elle occupe dans ses locaux provisoires de la Montjoie. L’EHESP y serait au contraire très à l’aise. Le scenario porté par le président Salzmann consisterait à louer 2 000 m2 au prix de 300 euros le mètre carré, affirme-t-on à la MSH (1). Pas besoin d’être matheux pour calculer le gain...


Une lettre ouverte signée par 44 chercheurs

Le 22 octobre, une lettre ouverte signée par 44 chercheurs et universitaires dénonçait cette perspective. « La transformation du bâtiment en une sorte d’hôtel universitaire obère ses missions et ambitions légitimes », écrivaient les signataires. La sortie de route, si elle était validée par le ministère et les instances de tutelle (outre Paris 13, Paris 8 et le CNRS), ferait bondir les collectivités locales. 


Plaine commune a signé avec l’université Paris 13 une convention très précise le 16 décembre 2003. Son article 3 stipule qu’une subvention de près de 2,3 M d’euros « est accordée par Plaine commune sous la condition absolue suivante : le terrain acquis pour accueillir la Maison des Sciences de l’Homme et la plate-forme technologique Arts, sciences et technologies devra rester affecté à cet usage pour une proportion supérieure à 70% de la surface pendant une durée de 30 ans à partir de la mise en service de cet équipement ».


Patrick Braouezec est catégorique sur le dossier. Le président de l’agglo prévient que « si la MSH était privée de ces locaux, nous porterions le débat sur le plan juridique pour obtenir remboursement de ce que nous avons versé ». Et la SEM Plaine commune développement qui avait cédé le terrain à Paris 13 ne manquerait pas non plus de faire valoir ses droits... Forcément revalorisés.


La MSH a donc des alliés de poids pour se faire entendre dans un dossier dont l’enjeu dépasse la querelle boutiquière. Pour Alain Bertho, son directeur déterminé, « La MSH est un pont entre la recherche et la population, et inversement. Nous sommes à la disposition des établissements scolaires, des élus, des entreprises pour diffuser le savoir. L’enjeu de notre présence est là. Cette construction doit être au service du territoire, comme il était pensé au départ. » Une réunion entre la secrétaire d’État Geneviève Fioraso et l’ensemble des protagonistes est programmée le 19 décembre. Pour trancher le litige ?


Dominique Sanchez


(1) Nous avons cherché à joindre M. Salzmann, via son cabinet, sans résultat.

Patrick Braouezec prévient que « Plaine commune ne laissera pas faire quelque chose n’ayant rien à voir avec le projet initial » et espère que le ministère fera sortir le dossier « par le haut ».