En ville

Interview : « Les vols avec violence ont diminué de 30% »

Le commissaire Christian Meyer en charge du 2e district de la Seine-Saint-Denis, en fonction depuis début 2011, fait un point sur les Zone de sécurité prioritaire en place depuis le 11 septembre dernier.
Des CRS patrouillent désormais quotidiennement dans le centre de Saint-Denis
Des CRS patrouillent désormais quotidiennement dans le centre de Saint-Denis


Le JSD : Quels sont les objectifs de la Zone de sécurité prioritaire (ZSP) de Saint-Denis ?


Christian Meyer :La ZSP en comporte trois : les vols avec violence ; le trafic de stupéfiants ; les incivilités. En 2011, on a recensé 1800 vols avec violence sur la circonscription qui est constituée de Saint-Denis et de L’Île-Saint-Denis. Le quartier Gare/Centre-ville cumulait 41% de ces vols, pour des raisons évidentes : la gare, la basilique, le marché génèrent beaucoup de passage. C’est ce qui a présidé au choix de ce secteur.


Le JSD : Romain-Rolland est également concerné…


Christian Meyer :Romain-Rolland est une petite extension de la zone, qui a pour objectif unique les affaires de stupéfiants. Nous avons retenu ce secteur parce que le trafic de rue y est assez ancré. Il y a surtout de l’héroïne, mais les dealers proposent d’autres produits. On vient de loin pour s’y fournir. Une fois, on a arrêté quelqu’un qui venait de Dijon. Il nous a dit que l’endroit était connu, et que c’était simple d’y venir par l’autoroute ! On mise sur la présence quotidienne, un rythme soutenu d’interpellations sur des transactions en flagrant délit, pour mettre une grosse pression sur les trafiquants.


Le JSD : Quelle est la spécificité de ce dispositif ?


Christian Meyer :La ZSP n’est pas une réponse simplement policière. Tous les partenaires doivent faire des efforts supplémentaires. La cellule du partenariat, pilotée par la préfecture et le procureur, intègre tous les acteurs : mairie, bailleurs, associations de riverains, Pôle emploi, Éducation nationale, RATP… Il faut agir sur tous les leviers.


Le JSD : La ZSP concerne-t-elle le logement ?


Christian Meyer :La mairie pousse auprès du préfet sur cette question, et nous sommes d’accord. L’activité des marchands de sommeil crée des troubles graves à l’ordre public et génère du danger pour les habitants de ces locaux insalubres. Cela peut aussi devenir des repaires pour les délinquants. Il faut travailler sur ces lieux de criminalité, c’est une manière supplémentaire d’améliorer la physionomie d’un quartier. Nous avons aussi expulsé 11 ou 12 squats massifs depuis mon arrivée, dont certains étaient implantés depuis 10 ans. Il doit en rester encore une quinzaine : rue Péri, avenue Wilson…


Le JSD : Quels sont les premiers résultats ?


Christian Meyer :Après deux mois et demi, on a un signal encourageant : les vols avec violence ont diminué de 30%, 67 % de ces actes ont été commis par des mineurs. La présence policière accrue, grâce aux renforts locaux, départementaux et aux CRS, a un impact. D’ailleurs, ces délits sont en baisse dans toute la commune. On n’a pas encore assez de recul pour tirer des conclusions, il faudra rester vigilant pour éviter les effets report.


Le JSD : Les craintes des Dionysiens sont connues : que l’on délaisse leur quartier au profit exclusif de la ZSP.


Christian Meyer :Le ministre de l’Intérieur nous a mis en garde contre cet écueil. Ce qui vaut pour la ZSP doit valoir partout. La difficulté de l’exercice, c’est de ne pas faire de discrimination territoriale. Il faut aussi éviter les effets report à d’autres endroits. Pour ce faire, on se réserve la possibilité de modifier à la marge les frontières de cette Zone. C’est un dispositif modulable dans la durée. On n’est pas figé dans nos bottes.

Recueilli par Sébastien Banse