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Pleyel/
Un pas de plus pour le franchissement urbain
Il était attendu depuis des décennies, pour relier le quartier Pleyel à la Plaine et prolonger l’avenue François-Mitterrand, aujourd’hui en cul-de-sac. Le Franchissement urbain Pleyel, ou FUP, comme l’appellent à présent techniciens et décideurs, est maintenant en vue, avec un financement quasi bouclé, et son enquête publique, préalable à la DUP (déclaration d’utilité publique) qui autorisera Plaine Commune à acquérir les terrains. Une semaine après le lancement de cette procédure, une réunion était organisée le lundi 30 septembre à son siège par Plaine Commune, principal maître d’ouvrage. Mais l’affluence s’y est résumée à une vingtaine de personnes. Un paradoxe compte tenu de l’importance pour le territoire de ce projet qui est aussi « un défi technique », autant qu’une « prouesse architecturale », comme le dira le responsable des grands travaux à Plaine Commune.
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Étiré sur 302 mètres, et profilé comme un Y orienté vers Pleyel, il reposera sur trois appuis en surplomb d’un faisceau ferroviaire qui est avec 2 100 trains par jour « le plus emprunté en Europe et le troisième au monde ». Conçu par l’architecte Marc Mimram, lauréat en juin 2016 du concours de maîtrise d’œuvre disputé par cinq équipes, le projet est aussi envisagé comme « un monument qui apportera une identité » à ces lieux. D’autant qu’il débouchera à l’ouest sur la grande gare et principale connexion du Grand Paris Express.
222 millions d’euros
Comme le rappellera le président de l’EPT, Patrick Braouezec, « on avait là un grand centre industriel qui était desservi par le chemin de fer. Il y avait très peu de voiries ». Conséquence un siècle après, la rue du Landy est demeurée le seul axe est-ouest sur les trois kilomètres qui séparent les boulevards Ney à Paris et Anatole-France à Saint-Denis.
Au début des années 1990, déjà, des architectes regroupés dans le GIE Hippodamos avaient réfléchi à une connexion entre Plaine et Pleyel. En dépit de la volonté des élus du territoire de le maintenir à l’ordre du jour, le projet n’aura abouti qu’à la faveur du Grand Paris Express, avec sa gare Pleyel, et aux aménagements indispensables à l’accueil des JOP 2024. Aujourd’hui, les financements sont en cours de bouclage pour la première phase de travaux, dont la facture d’un montant de 188 millions d’euros HT sera supportée par l’État (52 millions), la Société du Grand Paris (44,9 millions), Plaine Commune (38,9 millions), la Métropole, le Département et la Ville de Saint-Denis. Le coût final étant estimé à 222 millions d’euros HT, avec la participation pas encore acquise à ce jour de la Région. Les travaux préparatoires devraient être lancés l’été prochain, en vue de la livraison en mars 2024 de la liaison piétonne et cyclable, axe sud, directement relié à la gare Pleyel.
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Pensé comme un belvédère
Entre cette interconnexion de 4 lignes du Grand Paris Express, où sont attendus 4 500 usagers aux heures de pointe, et son débouché côté Plaine, la fréquentation du FUP pourrait atteindre les 8 000 par heure. Et tôt ou tard, ils pourront sans doute rejoindre à la gare du RER D un nouvel arrêt de la ligne H, réclamée notamment par les élus du Val d’Oise. La livraison complète du franchissement devrait intervenir en décembre 2026, avec ses deux fois deux voies (une dans chaque sens) les unes pour les bus, les autres pour les voitures, et ses pistes cyclables. Mais le FUP, dont la largeur atteindra les 42 mètres, se veut aussi espace public, avec ses deux structures effilées et végétalisées, ses assises en gradin, et ses trois places, dont une centrale pourrait tenir lieu de belvédère. Café-concert, espace de spectacles, jardin planté d’arbres, « parcours sonore » …
Le FUP a les ambitions d’un véritable espace public. Avec ou sans les immeubles d’activités envisagés par l’architecte. Pour l’heure, les études d’impact sur les 5,4 hectares du périmètre de travaux (dont les 2, 9 ha de voirie à remodeler côté Pleyel) n’auraient révélé « aucune grande perturbation, ni nuisance » supplémentaire. Les démolitions se limiteront à deux immeubles et à trois locaux d’activités, dont un restaurant. Mais dans ce quartier Pleyel, déjà perturbé par la perspective du futur échangeur et du flux routier qu’il déversera aux abords du groupe scolaire Anatole-France, c’est l’atterrissage du franchissement qui pose problème. S’il sera de niveau côté Plaine avec l’avenue François-Mitterrand, il nécessitera côté ouest un « rattrapage de plus de 9 mètres » qui sera négocié pour les piétons à l’aide d’une pente à 8 % en direction du Carrefour Pleyel.
Après les camions pour évacuer la terre excavée sur le site de la gare, une autre noria prendra donc le relais pour édifier les remblais.
Marylène Lenfant
Documents consultables en mairie, à Plaine Commune, à la préfecture et en ligne sur le site : franchissement-urbain-pleyel.enquetepublique.net Permanences de la commission d’enquête, samedi 12 octobre de 9h à 12h, en mairie (2, place du Caquet), jeudi 24 octobre de 14h à 17h (21, avenue JulesRimet), vendredi 25 octobre de 14h à 17h, à l’immeuble Saint-Jean (6, rue de Strasbourg).
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lecteur-jsd (Pseudonyme non vérifié)
07 octobre 2019