En ville
Un mois de consultation des locataires cité Joliot-Curie
De la mi-novembre à la mi-décembre, les locataires de Joliot-Curie sont invités à se prononcer sur le projet de rénovation de leur cité, quatre bâtiments de 432 logements. Prévue par la loi (1), cette obligation du bailleur n’est souvent qu’une formalité. À Joliot-Curie, où les réunions se sont succédé depuis bientôt un an, le bailleur Plaine Commune habitat et l’amicale CNL (Confédération nationale du logement) des locataires ne s’attendaient pas non plus à une remise en cause du projet. Pourtant, sa présentation finale, le mardi 3 novembre au groupe scolaire Joliot-Curie, n’a pas été de tout repos pour les représentants de PCH et architectes du projet qu’accompagnait David Proult, l’élu délégué sur le quartier.
Dans l’assistance, d’au moins 80 personnes, fusent des critiques auxquelles sont apportées des réponses techniques. Ainsi l’installation d’une VMC (ventilation mécanique contrôlée) qui alliée aux nouvelles fenêtres à double-vitrage fera disparaître les moisissures. Mais à propos des futurs locaux pour vélos et poussettes, pourtant plébiscités lors des consultations, « j’y mettrai jamais mon vélo », dit l’une. « On sait très bien comment ça va se terminer », renchérit une autre.
Des ventouses électromagnétiques, d'un force d'une tonne
Le chargé d’opérations a beau parler des portes grillagées pour plus de transparence, ou du badge magnétique pour les ouvrir, « des badges, c’est ce qu’on avait avant, objecte-t-on dans la salle. Ça n’a jamais arrêté personne ». Un homme mentionne d’ailleurs les portes des halles, « cassées, toujours ouvertes ». Le directeur du développement de PCH signale l’évolution des ventouses électromagnétiques, dont la force de rétention est passée de 350 kg à une tonne. Rien n’y fait.
Mais la discussion bifurque là où elle n’était pas prévue : la réouverture des caves réclamées par quelques-uns, mais vivement repoussée par la plupart comme le retour assuré d’une zone de non-droit. Autre nouveauté très décriée, la création d’un espace vert, avec arbre et mur végétalisé, en retrait du hall d’entrée d’où il sera visible. L’évocation du chèvrefeuille et d’un magnolia est sans effet. Chacun n’y entrevoit qu’un coin pelé faute d’arrosage, jonché des détritus qui sont jetés par les fenêtres.
L'antenne jeunesse un espace de vie commune
Autre sujet de débat, le transfert à un rez-de-chaussée au cœur de la cité, de l’antenne jeunesse à présent reléguée dans le bâtiment 1, de l’autre côté de l’avenue Joliot-Curie, route nationale. Tous s’accordent sur la dangerosité de sa traversée. Et ceux qui redoutent les nuisances de ce futur voisinage, prennent acte des assurances du maire-adjoint. Ce local de 100m2, en bas d’immeuble, phoniquement isolé, « sera aussi un espace de vie commune. Comment l’occuper ? La question reste à travailler ensemble ». « Il faut d’abord parler de ce qui doit être mis en place pour l’entretien de la résidence nous explique Mina, nouvelle présidente de l’amicale CNL. Le ménage, par exemple, n’est fait qu’une fois par semaine. C’est peu, surtout pour des espaces squattés. Il faut dire aux gamins de respecter les lieux, interpeller les gens sur les ordures… » « Régler les questions du vivre-ensemble pour accompagner la réhabilitation », telle est pour la CNL la priorité.
Marylène Lenfant
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ÉCLAIRAGE
Deux de travaux à partir d'avril
Construite à la fin des années cinquante, la cité Joliot-Curie va bénéficier de sa troisième réhabilitation. Les travaux échelonnés sur deux ans devraient débuter en avril. Ils porteront sur les façades (ravalement, changements des fenêtres et de leur allège) où l’isolation thermique se soldera par « une économie de chauffage de 15 à 20% ». Également programmés, le réaménagement des loges de gardien, le transfert de l’antenne jeunesse, la transformation des halls, la réfection des cages d’escalier, la remise à neuf des réseaux d’eau et d’électricité, etc., et la pose en extérieur de containers enterrés pour les déchets.
Dans les appartements dont les portes palières seront changées, les salles de bain seront refaites, et des volets roulants seront posés en rez-de-chaussée. La facture, d’un montant de 10,950 millions d’euros, est payée par l’État (36,87%), la Région (9,86%), Plaine commune (8,72%) et par PCH qui pour compléter son apport sur fonds propres (9,86%) recourra à un emprunt (35%) imputable sur les loyers. D’où une hausse de 40 à 50 euros par mois pour des futurs loyers de 328 à 417 euros du T3 au T5.
M.L.
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