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Future Gare Pleyel
/ Un chantier phare… et pharaonique

À Pleyel, 200 ouvriers s’affairent tous les jours de 6h à 22h. Ils participent aux chantiers colossaux de la future gare du Grand Paris express. © Y. Mambert
À Pleyel, 200 ouvriers s’affairent tous les jours de 6h à 22h. Ils participent aux chantiers colossaux de la future gare du Grand Paris express. © Y. Mambert

Du haut du 7e étage de la base chantier de la future gare Pleyel, on ne peut pas les rater. Les grues blanches et rouges de la société Eiffage parsèment le paysage dionysien. Le géant français du BTP est en charge de la construction du Grand Paris express à Saint-Denis. Soit quatre ouvrages de sécurité, Finot, Cachin, Acrobates et Étoile, un puits de départ de tunnelier à côté du stade Nelson-Mandela, et deux gares, Stade de France et donc Pleyel. Cette dernière verra converger les lignes 14, 15 et 16 du métro et sera le principal hub du futur réseau.

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En cette fin octobre 2020, ils sont 200 ouvriers à s’activer quotidiennement sur ce chantier de 6h à 22h (24h/24 en période de terrassement), sous la responsabilité de Benoît Bussery, le directeur de travaux. Bien qu’encore jeune, ce dernier en a vu d’autres, des grands chantiers, dans sa carrière, mais des comme celui-là, « c’est rare ». Jugez plutôt : avec l’arrivée en mars prochain de la société Besix en charge des travaux tous corps d’état, ils seront parfois jusqu’à 500 à œuvrer en même temps sur un site relativement petit de 2 hectares.

« Cela pose beaucoup de problèmes de logistique. Il faut gérer tout ce qui est approvisionnement de surface, les flux piétons, les camions béton, détaille Benoît Bussery. Nous sommes obligés d’anticiper en permanence, y compris pour se coordonner avec les autres chantiers alentour. » À savoir rien de moins que le chantier de la tour Pleyel, celui du Village olympique et prochainement celui des Lumières Pleyel et du Franchissement urbain Pleyel, attenant à la future gare.

Livraison fin 2023

Ainsi, pour limiter les flux, déjà importants, le site dispose de sa propre centrale à béton (1) qui alimente les autres sites Eiffage dionysiens. « Sur un projet de cinq ans comme celui-là, on peut se permettre de lourds investissements pour industrialiser les processus », élargit Benoît Bussery, qui tourne le regard vers un portique de 40t dont le coût approche le demi-million d’euros. Un matériel spécifique qui doit permettre de gagner un temps précieux alors que le timing est serré.

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Eiffage doit livrer à la Société du Grand Paris l’intégralité de la gare dessinée par le Japonais Kengo Kuma fin 2023. Pour une mise en service à l’été 2024, Jeux olympiques obligent. Autant dire que l’arrêt complet du chantier entre le 18 mars et le 5 mai, en raison du premier confinement, n’a pas vraiment arrangé les affaires. Heureusement, côté aléas géologiques, la future gare est plutôt épargnée. Deux hivers doux ont permis au bétonnage de se poursuivre sans discontinuer et si des pompes évacuent les inévitables infiltrations d’eau, on est loin des inondations constatées sur d’autres chantiers de ce type.

En ce vendredi après-midi, il fait chaud et beau et le béton coule à flots. Les coffreurs, maçons, soudeurs et autres conducteurs d’engins défilent sur le tapis rouge qui signale le cheminement piétons de sécurité partout sur le site. Petit à petit, la gare prend forme et le génie humain impressionne.

 

Les chiffres de la démesure 

Un camion sort toutes les 5 minutes du chantier. 270 000 m3 de matériaux à évacuer. 50 m de profondeur et 1,80 m d’épaisseur pour la paroi moulée de la future gare.

60 000 m3 de béton à couler (150 000 t). 36 poteaux acier fabriqués spécialement en Belgique de 91 t et 36 m de haut pour supporter le poids de la structure et assurer le transfert de charge. 140 millions € le coût de la future gare Saint-Denis Pleyel.

 

Yann Lalande

(1) Par l’entreprise Béton solution mobile, dont on ne peut pas rater les camions aux toupies roses arborant des jeux de mots.