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Migrants de la Porte de Paris
/ Un campement au bord de l’explosion

Maintenant plus de 2 000 personnes vivent dans des conditions épouvantables dans le camp situé Porte de Paris. Entre promiscuité, manque d’hygiène et manque de nourriture, la situation devient explosive.
Fin août, 300 personnes migrants avaient trouvé refuge au sein d'un camp qui s’est formé en contrebas du pont de l’A1, aujourd'hui, elles sont plus de 2 000. © Yann Mambert  / Août 2020
Fin août, 300 personnes migrants avaient trouvé refuge au sein d'un camp qui s’est formé en contrebas du pont de l’A1, aujourd'hui, elles sont plus de 2 000. © Yann Mambert / Août 2020

Dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, Rufus, un homme de 66 ans dorigine soudanaise, a perdu la vie sous sa tente d’une cause pour le moment inconnue. Les pompiers, ayant dû se frayer un chemin dans le dédale de tente, n’ont pas pu le réanimer sur le chemin de l’hôpital. Fin septembre, dans le JSD, Louis Barda, responsable de la mission de rue auprès des exilés à Médecins du monde, qualifiait de « catastrophique » la situation sanitaire au « camp de l’écluse ». Ils étaient alors environ 800 à vivre dans des conditions extrêmement précaires sur lesplanade en bordure de canal, près du Stade de France et sous une bretelle de lautoroute A1.

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Ils sont désormais plus de 2 000, principalement de jeunes hommes dorigines afghane, somalienne ou soudanaise à vivre dans ce campement de la Porte de Paris. La présence de quelques familles, accompagnées d’une dizaine d’enfants en bas âge, est également signalée par les associations actives sur place.

« Le 1er octobre déjà, nous signalions la présence de femmes et d’enfants à la mairie », détaille Philippe Caro, bénévole au sein du collectif Solidarité Migrants Wilson. « Nous faisons des signalements systématiques pour demander des nuits à l’hôtel », précise Katy Bontinck, première adjointe.

La situation sanitaire au sein du camp est plus critique que jamais et devient explosive entre distanciation physique et règles d’hygiène impossibles à respecter, et le manque de nourriture. Des queues interminables se dessinent deux fois par semaine lors des distributions alimentaires du collectif Solidarité Migrants Wilson. La mairie a fait installer, il y a quinze jours, 12 toilettes pour remédier aux latrines à ciel ouvert. Une mise en place jugée « insuffisante » par Simon Frenay, membre de l’association Sous le même ciel (1). « Une vingtaine de points d’eau ont été installés il y a seulement un mois », regrette-il.

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La rumeur d’une évacuation imminente court au sein du camp et des associations présentes dans le camp. « Il y a urgence de conduire une opération de mises à l’abri, estime Katy Bontinck. Le maire a le préfet au téléphone tous les jours. » « Les gens sont plutôt demandeurs de monter dans les bus, analyse, fataliste, Philippe Caro. Ça leur offre un peu de répit avant de retourner dans la rue. »

Aucune date d’évacuation n’a pour l’instant été confirmée. « Le scénario est connu, il y a presque eu 70 évacuations à Paris ces cinq dernières années et des camps se reforment toujours. C’est ça la politique d’accueil en France »,  se désole le membre du collectif Solidarité Migrants Wilson qui distribue plus de 2 000 repas par semaine.

Olivia Kouassi

  1. L’association Sous le même ciel organise tous les mardis de 19h à 20h et les samedis de 12h à 13h une collecte de tentes, vêtements hommes, couvertures et denrées non périssables au niveau de la station Vélib’ de la Porte de Paris.

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Seule '' heureuse '' nouvelle contenue dans ce zoom sur l'errance de milliers d'êtres Humains : l'accès aux soins et aux hôpitaux qu'offre encore notre République in'hospitalier'e - Jq Derrida - .
Inadmissible et écœurant. J'ai honte d'être française...