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Migrants de la Porte de Paris/
Un campement au bord de l’explosion
Dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, Rufus, un homme de 66 ans d’origine soudanaise, a perdu la vie sous sa tente d’une cause pour le moment inconnue. Les pompiers, ayant dû se frayer un chemin dans le dédale de tente, n’ont pas pu le réanimer sur le chemin de l’hôpital. Fin septembre, dans le JSD, Louis Barda, responsable de la mission de rue auprès des exilés à Médecins du monde, qualifiait de « catastrophique » la situation sanitaire au « camp de l’écluse ». Ils étaient alors environ 800 à vivre dans des conditions extrêmement précaires sur l’esplanade en bordure de canal, près du Stade de France et sous une bretelle de l’autoroute A1.
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Ils sont désormais plus de 2 000, principalement de jeunes hommes d’origines afghane, somalienne ou soudanaise à vivre dans ce campement de la Porte de Paris. La présence de quelques familles, accompagnées d’une dizaine d’enfants en bas âge, est également signalée par les associations actives sur place.
« Le 1er octobre déjà, nous signalions la présence de femmes et d’enfants à la mairie », détaille Philippe Caro, bénévole au sein du collectif Solidarité Migrants Wilson. « Nous faisons des signalements systématiques pour demander des nuits à l’hôtel », précise Katy Bontinck, première adjointe.
La situation sanitaire au sein du camp est plus critique que jamais et devient explosive entre distanciation physique et règles d’hygiène impossibles à respecter, et le manque de nourriture. Des queues interminables se dessinent deux fois par semaine lors des distributions alimentaires du collectif Solidarité Migrants Wilson. La mairie a fait installer, il y a quinze jours, 12 toilettes pour remédier aux latrines à ciel ouvert. Une mise en place jugée « insuffisante » par Simon Frenay, membre de l’association Sous le même ciel (1). « Une vingtaine de points d’eau ont été installés il y a seulement un mois », regrette-il.
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La rumeur d’une évacuation imminente court au sein du camp et des associations présentes dans le camp. « Il y a urgence de conduire une opération de mises à l’abri, estime Katy Bontinck. Le maire a le préfet au téléphone tous les jours. » « Les gens sont plutôt demandeurs de monter dans les bus, analyse, fataliste, Philippe Caro. Ça leur offre un peu de répit avant de retourner dans la rue. »
Aucune date d’évacuation n’a pour l’instant été confirmée. « Le scénario est connu, il y a presque eu 70 évacuations à Paris ces cinq dernières années et des camps se reforment toujours. C’est ça la politique d’accueil en France », se désole le membre du collectif Solidarité Migrants Wilson qui distribue plus de 2 000 repas par semaine.
Olivia Kouassi
- L’association Sous le même ciel organise tous les mardis de 19h à 20h et les samedis de 12h à 13h une collecte de tentes, vêtements hommes, couvertures et denrées non périssables au niveau de la station Vélib’ de la Porte de Paris.
Réactions
Move (Pseudonyme non vérifié)
10 novembre 2020
Belin Catherine (Pseudonyme non vérifié)
12 novembre 2020