En ville
Un boycott perturbe la fête
Du monde, il y en a un peu ce 12 novembre peu avant 17?h. Mais les personnels et les quelques parents qui se regroupent devant la grille du collège Fabien ne sont pas là pour emboîter les pas du président du conseil général venu inaugurer l’établissement. Ils dénoncent au contraire « une mise en scène » selon l’expression d’un prof d’histoire en poste dans le collège depuis quinze ans. Le tract distribué, non signé, appelle au boycott « d’une mascarade » inaugurale et dénonce pêle-mêle « les travaux d’une qualité déplorable », « les entreprises non qualifiées et les matériaux au rabais », « les portes coupe-feu déjà hors service », « la salle des sports mal conçue », « la cour qui se transforme en piscine », « des fuites importantes avec des risques de courts-circuits dans certaines salles » et, au final d’une longue énumération, « un collège dégradé avant même d’être achevé ». Ambiance, donc, à l’extérieur.
À l’intérieur, le climat est tout autre. Les élèves sont près pour l’événement. Ceux du Segpa bâtiment manient la truelle et le béton en démonstration, des collégiens passent en revue et au micro la biographie du colonel Fabien, résistant communiste qui exécuta le premier officier allemand en 1941 et qui donne son nom au lieu. La plaque inaugurale est dévoilée, la visite fléchée peut commencer. L’ambiance se détend. Le voyage le long des couloirs aux tons pastel (rose, jaune pâle, blanc) mène des salles de classes au CDI et s’achève là où commencent les discours.
« Les conditions se sont nettement améliorées »
Le principal, premier à intervenir, décrit non sans humour la période des travaux commencés en novembre 2006 « dans le bruit et la poussière » avec des déménagements incessants. L’évocation de ces « cicatrices » ne l’empêche pas de louer « la nouvelle page du collège et aussi du quartier » et la qualité du travail architectural réalisé. Le maire Didier Paillard dit ne pas comprendre l’attitude de ceux qui ont choisi de bouder l’inauguration. Il constate, après cette visite et pour connaître l’avant et l’après de « cet établissement historique ouvert il y a quarante ans, que les conditions de l’enseignement se sont nettement améliorées ».
Daniel Auverlot, inspecteur d’académie, salue le nouvel espace créé par l’architecte qui a su casser la « construction toute en longueur » en vogue dans les années 70. Et Claude Bartolone, « heureux de la première marche franchie » malgré les « quelques désordres » qui restent à régler, rappelle que 13 millions d’euros ont été consacrés à la rénovation de Fabien. « Nous réussirons à faire de ce bâtiment un exemple à l’image de l’homme historique qui porte son nom », avertit le président du conseil général qui martèle à plusieurs reprises sa volonté d’offrir « aux enfants de Saint-Denis, quels qu’ils soient, les chances de la réussite scolaire ».
« Maintenant c’est très bien »
La nuit est tombée, les élèves de 3e de l’an passé qui se sont bien comportés au brevet reçoivent leurs diplômes en présence de nombreux parents et d’élus de la majorité municipale. Dehors, les militants anti-inauguration sont partis. Les élèves présents et qui veulent bien s’exprimer ne perçoivent pas les choses comme eux. À l’instar d’un petit nouveau, en classe de 6e, qui a vu les photos d’avant la rénovation, quand « c’était pas très beau, alors que maintenant c’est très bien ».
Dominique Sanchez
Réactions
Réagissez à l'article