Décembre 2013 : SFR inaugure avec fierté son nouveau siège à la Plaine Saint-Denis, bénéficiant d’une importante campagne de communication. Octobre 2017 : à la suite d’un plan de départ volontaire touchant 5 000 personnes (soit un tiers des effectifs nationaux), le groupe SFR-Numéricable, désormais dirigé par Patrick Drahi, quitte Saint-Denis sans même annoncer officiellement cette décision. Ainsi va la vie impitoyable du capitalisme financier, qui néglige les individus et les territoires. Les salariés rencontrés lors de la pause déjeuner le vendredi 13 octobre semblent résignés face à cette économie qui tourne mal. « On ne peut plus lier son destin à son entreprise », résume un ancien employé de SFR qui quittera bientôt la société. Pourtant, ce représentant syndical siégeant au CHSCT avait fait le choix de s’installer à Saint-Denis en 2015, à seulement 15 minutes en trottinette de son lieu de travail. Mais la réalité est que les employés de la Plaine ont du mal à s’intégrer à la ville. Rocham, qui travaille chez SFR depuis 17 ans, fait exception à la règle. « Contrairement à beaucoup de mes collègues qui sont presque soulagés de partir, je n’ai pas eu peur de venir à Saint-Denis en 2013 et je suis un peu déçu de devoir partir. J’aimais bien le quartier, j’ai des amis ici et je venais jouer au basket le dimanche depuis Suresnes. Maintenant, que pouvons-nous faire ? » Selon notre membre du CHSCT, même les syndicats ont été plutôt conciliants. « Les conditions du plan de départ volontaire étaient plutôt avantageuses. Ils n’ont pas eu de mal à trouver les 5 000 volontaires. Ceux qui restent n’ont vraiment pas le choix. En revanche, ils vont connaître de nouvelles conditions de travail dans le nouveau siège, notamment avec la mise en place du Flex office (bureaux non attitrés). L’actionnaire souhaite se recentrer sur des tâches simples, réalisables par n’importe qui, afin de réduire la masse salariale. » Il n’est donc plus nécessaire d’occuper un siège de 134 000 m2 pour seulement 8 000 employés, désormais réduits à 5 000. C’est ainsi que SFR-Numéricable et les activités média d’Altice, la société mère de SFR, seront regroupées au Quadrans, dans le 15e arrondissement de Paris, sur une surface de 86 000 m2. Le loyer sera payé à une autre filiale d’Altice, qui est propriétaire des lieux.
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