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Saint-Denis, 6e ville étudiante la plus chère de France
Avec ses 43 000 étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur, Saint-Denis fait figure de grosse ville universitaire. Et selon la dernière enquête annuelle de l’Unef révélée le 20 août, la commune se place à la 6e place sur 42 – devant Cergy et après Champs-sur-Marne – d’un classement qui recense le coût de la vie étudiante pour les années universitaires 2018-2019 et 2019- 2020.
Le syndicat étudiant s’est appuyé sur trois critères pour effectuer ce classement, notamment le logement, les transports et ce qu’il appelle un « socle fixe commun à tous les étudiants quelle que soit leur ville universitaire ». C’est-à-dire les dépenses liées entre autres aux frais d’inscription, à la restauration, aux loisirs, à l’achat des livres, aux dépenses de consommation Internet ou encore aux services médicaux.
Pour l’année 2019, le coût de la vie à Saint-Denis pour une personne qui y étudie et y réside est de 1 041, 65 euros par mois. Dans ces dépenses, la part du loyer mensuel représente 645 euros. Sans surprise, le logement représente plus de la moitié du budget d’un étudiant. En comparaison, de l’autre côté du périphérique parisien, un étudiant doit débourser 873 euros pour se loger.
1 étudiant sur 2 travaille
Si le coût de la vie dans la ville des rois de France a baissé par rapport à l’an passé – Saint-Denis figurait à la 4e place des villes universitaires les plus chères avec des dépenses mensuelles équivalant à 1 052, 26 euros – elle reste un lieu de vie relativement cher en termes de vie estudiantine. Et nombreux sont les étudiants à se salarier afin de financer leurs études et dépenses quotidiennes. À l’université Paris 8, qui compte 22 445 élèves, « 1 étudiant sur 2 est salarié », affirme Bouchra, présidente de la section locale de l’Unef et vice-présidente de la faculté (1).
L’étudiante en master 1 Communication demeure dans une résidence à proximité de la fac. « J’ai la chance d’être au Crous », confie celle qui vit dans un 18m2 au prix de 380 euros sans inclure la déduction des APL. « L’électricité n’est pas comprise dans le prix du loyer, je la paye moi-même et, d’ailleurs, EDF a tendance a surestimé la consommation », ironise la jeune femme. Avec un job à temps partiel qui lui rapporte environ 600 euros par mois, l’étudiante réussit tant bien que mal à jongler entre les cours à l’université et son travail. « Parfois c’est compliqué. Le travail est censé nous aider financièrement pour nos études. On est d’abord étudiant puis après salarié, mais, malheureusement, cette situation a tendance à s’inverser. »
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2264 logements étudiants
À Saint-Denis, on compte 2 264 appartements répartis entre les 18 résidences étudiantes du parc privé et public. D’ici 2025, plus de 500 logements devraient s’ajouter à ce chiffre. Preuve que la ville est géographiquement située dans un bassin attractif pour une communauté étudiante venant aussi bien de province que de l’étranger. Lorsqu’on lui demande pourquoi elle a choisi de venir étudier à Saint-Denis, Sarah, ancienne Lyonnaise, répond sans hésitation : « Je voulais Paris 8. Je savais que c’était une fac de sciences sociales en adéquation avec ce que je suis. »
L’étudiante travaille à temps partiel en tant qu’assistante d’éducation. Elle a aussi choisi Saint-Denis parce que « pour se loger, c’est plus abordable que Paris ». Son studio de 23m2 situé dans une résidence privée du quartier Confluence, lui revenait à « environ 500 euros par mois » quand elle n’avait pas les APL. « Les premiers temps c’était difficile car il fallait tout anticiper et ce n’est pas évident. » Si l’étudiante en sciences politiques apprécie de vivre à Saint-Denis car la ville est « agréable », elle « ne savait pas que le coût de la vie était aussi cher. C’est dingue que les prix des courses avoisinent ceux de Paris ! ».
« Vivre avec 70 euros par mois »
Selon Seydou, le meilleur moyen pour un étudiant de faire des économies est « de ne pas manger dehors. Il m’arrive de prendre un grec lorsque je sors du foot, c’est tout », explique l’étudiant malien de 24 ans, installé à Saint-Denis depuis son arrivée en France, à l’été 2016. Inscrit en licence 3 Théâtre à Paris 8, Seydou est vice-capitaine de l’équipe de foot de la faculté. Il vit chez son père à la Plaine et doit tout de même travailler pour financer ses études.
Auparavant agent régulateur de flux à la SNCF, l’étudiant a trouvé un job moins prenant dans un hôtel parisien où il « sert les petits-déjeuners ». Le centre-ville de Saint-Denis, Seydou n’y met quasiment jamais les pieds. Pour ses loisirs, il lui y est arrivé de sortir au TGP mais il se rend surtout à Paris. Le principal problème de l’étudiant aujourd’hui est moins le coût de la vie à Saint-Denis – « Je suis déjà forgé mentalement à ça », explique celui qui dit pouvoir vivre « avec 60, 70 euros par mois » – que son statut d’étudiant étranger. « Je dois faire attention à bien suivre les cours et ne pas redoubler et je n’ai pas le droit de travailler plus de 25 heures par semaine. C’est beaucoup de contraintes. D’autant plus que l’année prochaine, je vais peut-être devoir payer 3000 euros de frais d’inscription. » (1)
Yslande Bossé
+ retrouvez le témoignage vidéo de Bouchra sur Instagram # journaldesaintdenis