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Pourquoi les chauffeurs de cars de la Ville sont en grève ?
« Ça n’avance pas, la Ville reste sur des positions qui ne sont pas convenables donc les chauffeurs continuent la grève ». Nathalie, secrétaire générale adjointe à Force ouvrière est catégorique. Les huit chauffeurs de car CTM (Centre technique municipal) poursuivent leur mouvement de grève entamé il y a une quinzaine de jours en raison d’une décision de la Ville de supprimer la prime panier – une indemnité restauration de 15,25 euros par repas – qui leur était versée par compensation lors de leurs sorties dans la journée en région parisienne, de trois à quatre fois par semaine.
La municipalité s’appuie sur une circulaire du 19 décembre 2006 qui revient sur les définitions de « résidence administrative, résidence familiale et la notion de commune ». D'après ce texte de loi, Paris et ses villes limitrophes correspondraient désormais à une seule et même commune. « Par équité avec l’ensemble des agents de la collectivité, il est décidé d’appliquer la réglementation », a fait savoir dans un courrier adressé aux agents du CTM le 28 janvier, Florence Haye, maire adjointe en charge du personnel. Désormais, la prime panier sera versée aux agents selon le lieu de sortie.
Baisse du pouvoir d’achat
Pour les huit chauffeurs de la Ville qui ont manifesté en gilets jaunes vendredi 1er février sur le parvis de l’hôtel de ville, cette suppression de la prime panier va leur faire perdre du pouvoir d’achat. « On travaille en journée continue (contrat de 37,5 heures). C’est du travail effectif avec beaucoup de contraintes. On doit être disponible pour l’instituteur, garder les affaires des enfants qui pendant les sorties restent dans le car et attendre que tout le monde revienne pour rentrer. Donc on n’a pas de pause, c’est du temps de travail », a expliqué Christophe, l’un d’eux. Jusqu'à présent, les chauffeurs bénéficiaient de 25h heures supplémentaires payées d'office et 35h récupérées. Aujourd'hui, la Ville veut privilégier la récupération par rapport au paiement.
Pour Abdel, il est « aberrant » que les heures supplémentaires travaillées ne leur soient pas rémunérées. « C’est un métier difficile. Il y a les bouchons, la circulation. Mais la mairie estime que nos conditions de travail sont les mêmes que les autres salariés. » Autres problèmes évoqués lors du rassemblement par les chauffeurs : la « remise en cause par la Ville » des parkings payants pour les cars. La collectivité prend en charge les 3H de stationnement à hauteur de 300 euros. Pour des raisons « de gestion » et de budget, la municipalité demande aux chauffeurs de prendre en compte les parkings gratuits pendant leur heure de travail et pendant la pause du midi. « Ils nous disent de trouver une solution et que si on ramène des amendes, c’est pour nous ! », s’est exclamé Abdel.
Vincent, enseignant à Saint-Denis, présent lors de la manifestation, a estimé que « les chauffeurs de cars sont habitués à travailler avec des enfants. Ça n'est pas un transport comme un autre. On voit de plus en plus, ailleurs, le remplacement d’un service municipal de transport scolaire en service privé. Est-ce que c’est une politique comme ça, qu’ils veulent, à la mairie ? »
Hier, lundi 4 février, un rendez-vous a été organisé en mairie mais aucun accord n’a été trouvé entre les agents du CTM et la municipalité. Le syndicat FO, qui a appelé à un mouvement social, réclame pour les chauffeurs une compensation de leur prime de repas supprimée en « une prime mensuelle ou en tickets restau » par exemple, a précisé Nathalie. Et d’ajouter : « On demande à la mairie de payer 70% des heures supplémentaires, et le reste doit être récupéré. »
Yslande Bossé
Réactions
Messager (Pseudonyme non vérifié)
05 février 2019
momo (Pseudonyme non vérifié)
06 février 2019
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