Une dizaine de familles syriennes évacuées

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Vers 8h ce jeudi 29 août, une dizaine de familles syriennes qui occupaient un immeuble situé au 6 rue Raspail, non loin de la Porte de Paris ont été évacuées par les forces de police. Le bailleur associatif Freha, propriétaire de l’immeuble avait lancé une procédure d’expulsion il y a deux ans. Ces familles se sont regroupées au square De Geyter.

Matelas, poussettes, meubles de rangements, draps, jouets pour enfants… A 10h, ce jeudi 29 août, les affaires et biens de la dizaine de familles syriennes qui logeaient dans l’immeuble insalubre du 6 rue Raspail continuent d’être récupérés par la grue du camion de Plaine Commune. Elles n’ont eu que « cinq minutes » (1) précise Hani, l’un des occupants pour évacuer les logements qu’elles occupaient depuis plusieurs années pour la plupart. Les familles ont rassemblé quelques affaires personnelles dans des sacs poubelles et se sont installées à même le sol, quai du Square, non loin de la rue Raspail.

« Aujourd’hui on va faire quoi ? On va dormir dans le parc ! », explique Hani, dépité. L’expulsion a débuté vers 8h ce matin et a été effectuée sur décision de la préfecture de Seine-Saint-Denis. Les familles ont été prévenues par courrier il y a un mois. D’après un autre occupant de longue date du bâtiment, un Algérien âgé de 29 ans, « la Préfecture est passée il y a dix jours pour faire un recensementet un policier est venu il y a trois semaines ».

En août 2018, plusieurs familles qui squattaient le bâtiment aux conditions sanitaires indignes, et propriété du bailleur social associatif Freha, avait été sommées de partir. Elles payaient un loyer de 600 euros à un marchand de sommeil qui avait forcé les portes et fenêtres murées de l’immeuble. En décembre 2018, après une autre évacuation, certaines avaient été dirigées vers des hôtels et centres d’hébergement. 

« Dès qu’on a su que c’était des squatteurs, on a très vite lancé une procédure d’expulsion », explique Thierry Debrand, directeur général de Freha, présent au moment de l’expulsion. Le bailleur qui possède 200 patrimoines en Ile-de-France tourné vers un public modeste, prévoit de « réinvestir le bâtiment très fortement dégradé. Notre but est que cet immeuble redevienne un immeuble très social bien placé dans la ville de Saint-Denis ». 
 

Des enfants scolarisés à Saint-Denis

« On a été sortis violemment de l’immeuble » raconte en colère trois des occupants du bâtiment, dont Ahmed, un père de famille veuf que le JSD avait rencontré il y a près d’un an. Hani explique que la police les a « menacés d’un teaser » et « poussés » pour les faire sortir de l’immeuble. En tout, une soixantaine de personnes s’est retrouvée à la rue. Parmi elles, une trentaine d’enfants, dont treize sont scolarisés dans des établissements de Saint-Denis. Suivis par l’association Raj’Ganawak, ils étaient plusieurs à avoir expérimenté pour la première fois en octobre dernier les bancs de l’école.

Ces familles du 6 rue Raspail, qui appartiennent pour certains à la communauté des Doms de Syrie et du Liban sont des réfugiés qui se sont vus refuser leur demande d’asile politique ou restent encore en attente de réponse. Dans le groupe, Hassan et son épouse sont les seuls à avoir reçu un récépissé de demande de titre de séjour. « Pourquoi je n’ai pas de logement ? », demande le Syrien, qui avec l’aide d’Hani a fait une demande auprès de la mairie de la ville. Sa fille Zineb, âgée de 10 ans est scolarisée à l’école élémentaire Marcel Sembat. En couple, Abdulkar et Khachfeh, eux n’ont pas encore eu de réponse à leur demande d’asile. Ils ont été convoqués par la Préfecture le 31 décembre 2018. Quant à Ali, autre occupant du 6, rue Raspail et père de trois garçons et de trois filles, sa demande d’asile refusée lui a valu une expulsion d’un logement à Tours. Il avait obtenu une « solution de relogement pour 11 mois », précise-t-il. Ses six enfants sont aujourd’hui scolarisés à Saint-Denis. Vers 12h ce jeudi 29 août, un SMS du 115 l’informe d’une solution de relogement dans un hôtel situé à Noisy-le-Grand, et ce jusqu’au 6 septembre.

Même combat pour Mahmoud, un Egyptien qui réside en France depuis dix ans. Sa femme syrienne est enceinte. Ils ont obtenu une solution de relogement dans un hôtel de Pantin jusqu’au 6 septembre.

Une rencontre en cours avec la mairie

A 12h30, le chargement des affaires des occupants de l’immeuble dans les camions-grues de Plaine Commune n’était toujours pas terminée. Aux fenêtres murées par des parpaings ont été ajoutées des planches grises pour dissuader les réfugiés de revenir squatter le bâtiment. « VPS site protégé 24/7 », pouvait-on lire sur les affichettes collées aux planches des fenêtres. Vers 15h, plusieurs familles restées dehors se sont rendues à la mairie avec le syndicat UL Solidaires ainsi que des Dionysiens mobilisés. « On veut que les gamins aient un endroit pour dormir ce soir », explique Jimmy, enseignant à Saint-Denis, qui a assisté à l’expulsion. 

« Sur 13 familles, seules 5 ont quelques jours d’hébergement d’urgence dans des hôtels loin en IDF », selon un soutien des réfugiés. Hier soir, un rassemblement était organisé à 19h devant l’école Les Gueldres.

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