Portrait
Michèle Consigny : c’est la laine qu’elle préfère
C’est un petit antre en forme de triangle où, dès que l’on y pénètre, la chaleur provenant des couleurs et de la matière – la laine – nous enveloppe. L’Aiguille qui danse, c’est le nom de l’endroit, respire la sérénité et le calme. Derrière une petite table, la voix douce de Michèle Consigny accueille le visiteur, plus sûrement la visiteuse. Comme cette dame, qui lui demande une retouche pour une robe. Ou cette autre qui cherche du ruban. Ou encore celle-ci qui demande conseil avant d’acheter une dizaine de pelotes de laine.
Depuis un peu plus d’un an, la mercerie est devenue l’île aux trésors de tous ceux qui manient aiguilles et autres dés à coudre à Saint-Denis. Michèle Consigny n’a pas toujours été mercière. Institutrice durant vingt-cinq ans, à Paris, elle ressent alors une certaine lassitude, envisage de donner un nouveau tour à sa vie, sans bien savoir dans quelle direction se diriger.
« Sans réfléchir, je me suis dit?: ça m’intéresse »
Dionysienne depuis 2003, elle est alors cliente d’une mercerie, rue Catulienne, qui allait être mise en vente. « Sans réfléchir, je me suis dit?: ça m’intéresse. » L’affaire ne se fait pas mais l’idée demeure. Et se concrétise, donc, rue Gabriel-Péri, « le 16 septembre 2008?! Je me suis dit?: si je ne le fais pas, je le regretterai toute ma vie?; et si je me plante, c’est la vie… ».
Michèle affirme avoir trouvé un équilibre personnel au contact des matières, des couleurs et des clientes qu’elle reçoit, dans un cadre chaleureux. « Je suis devenue plus zen », sourit-elle au milieu de ses laines de très bonne qualité, d’autres moins chères et plus fantaisie, des objets mis en dépôt-vente (« surtout à Noël »), des bijoux…
Pourtant, les temps sont durs. « Je parviens tout juste à faire tourner la boutique », soupire-t-elle. Alors elle multiplie les contacts, travaille pour les retouches avec La Main fine, association dionysienne d’insertion par le travail, rencontre les artistes de l’Adada, ses voisins, anime des ateliers pour enfants le mercredi et donne des cours à qui veut dans sa boutique aux heures de fermeture.
« J’ai plein d’idées, mais pas trop de temps… »
« De plus en plus de femmes font de la couture ou du tricot. Ça leur permet de sortir de la standardisation, de faire des cadeaux personnalisés. Et puis, on travaille avec ses mains, ça touche à l’ergothérapie… » Un constat?: les hommes sont rarissimes, et on ne les voit pas. De Saint-Denis, elle apprécie le meilleur et se plaint du pire. « J’ai eu du mal à m’habituer au bruit, mais il y a ici plein de choses intéressantes. » Michèle aime partager. Avec ses clientes, avec des associations comme Franciade, avec son amie Lilia et ses cafés tricot, le samedi matin, avec la libraire, Sylvie Labas.
Et puis il y a ses propres créations qui ornent le magasin, d’originales écharpes à pointes, des châles ornés de paillettes… « J’ai plein d’idées, mais pas trop de temps… » Michèle sent en elle remonter l’enfance, les dessins qu’elle faisait, la montagne qu’elle regardait, avec ses blancs différents qui forment l’œil. Et, par-dessus tout, les couleurs et les mélanges. Dont elle a fait sa vie.
Benoît Lagarrigue
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