En ville
Mermet présente Chomsky, « intégriste de la démocratie »
Journaliste producteur à France Inter, Daniel Mermet sillonne la France depuis bientôt un an, non pas pour sa fameuse émission Là-bas si j’y suis, mais pour un film. Le jeudi 8 octobre, c’est à la bourse du travail de Saint-Denis, à l’invitation de Jolie Môme et de Dionyversité, qu’il est venu commenter, devant près de 200 personnes, ce documentaire réalisé avec Olivier Azam et intitulé Chomsky & compagnie. À partir d’un entretien enregistré en 2004 au MIT de Boston, où enseigne cet éminent linguiste américain, Mermet a entrepris d’expliquer ce qui fonde son engagement politique, depuis son opposition à la guerre du Vietnam dans les années 60. Son analyse des enjeux économiques, à travers ce qu’en disent ou ce qu’en dissimulent les propagandes, ont valu à Noam Chomsky un formidable écho à travers le monde. En particulier dans les pays qui ont fait les frais de la politique étrangère des États-Unis et de leurs alliés occidentaux.
«Son but est de pousser à l’action»
Mermet en citera pour exemple le Timor oriental, où les massacres commandés par le dictateur indonésien Suharto ont été quasiment ignorés par les médias occidentaux. Autre exemple, l’Amérique latine où les assassinats de religieux progressistes étaient loin de susciter l’émotion qui avait fait les unes pour la mort du prêtre polonais Popieluszko, dans ces mêmes années 80.
En France par contre, Chomsky s’est vu souvent affublé, comme le dit Mermet, de « pieds fourchus » par les intellectuels parmi les plus médiatisés. Ce juif new yorkais étant communément taxé d’antisémite, pour avoir défendu la liberté d’expression, y compris d’un négationniste comme Faurisson, comme il est d’usage aux États-Unis où ce droit est inscrit dans la constitution. « C’est un intégriste de la démocratie. Chacun doit être capable d’une autonomie de pensée. Son but est de pousser à l’action », conclura Daniel Mermet.
Le journaliste annoncera d’ailleurs, comme en écho à Chomsky, un prochain film « pour en finir avec le capitalisme ». Il prévoit de le financer comme le premier grâce aux « SMG (souscripteurs modestes et géniaux) » des « Mutins de Pangée » (1), coopérative de professionnels de l’audiovisuel, qui a déjà produit trois autres documentaires.
Marylène Lenfant
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