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Perturbateurs endocriniens /
Les Séquano-Dionysiens surexposés ?
Ni saveur, ni odeur, ils sont partout, objets souples en PVC, cosmétiques, textiles, aliments, ustensiles de cuisine, médicaments, etc., où ils sont utilisés comme plastifiant, fixateur, conservateur, antitache, hydrofuge… Absorbés par la peau, ingérés ou inhalés, ils interfèrent avec l’activité hormonale en agissant sur le système endocrinien. Et favorisent cancers du sein et de la prostate, obésité et diabète, hypertension, hyperactivité de l’enfant, augmentation des caries… Autant de maux dont la prévalence est particulièrement forte en Seine-Saint-Denis, où la cause en est attribuée à la mauvaise alimentation et à la sédentarité. « On ne peut pas toujours en imputer la faute aux gens, estime Elisabeth Belin, élue déléguée à la santé, qui y pressent surtout une exposition accrue à ces perturbateurs endocriniens (PE) que sont les phtalates, parabènes, perfluorés, bisphénol A et pesticides.
Nocifs à faible dose
Ainsi avait-elle sollicité pour l’un des Midis santé, ces rencontres professionnelles organisées par la Maison de la santé, le chimiste et toxicologue André Cicolella. Président du Réseau environnement santé, ce lanceur d’alerte sur « l’explosion des maladies chroniques » causées par les polluants est intervenu le mardi 28 mars en salle du conseil municipal devant près de 90 personnes, professionnels des centres de santé et de PMI, médecins libéraux, responsables associatifs. Un public à l’évidence très inquiet de ces poisons nocifs à faible dose, et qui affecte surtout les fœtus et les enfants, avec des « temps de latence entre l’exposition et les effets ».
Une première en France
Parce qu’ils modifient l’expression des gènes, les PE ont « un effet transgénérationnel, y compris sur les arrière petits-enfants » d’une femme qui aurait été exposée, comme l’expliquera M. Cicolella, en se référant à « la littérature extrêmement abondante » produite sur le sujet, depuis l’appel des scientifiques, réunis en 1991 à Wingspread, aux États-Unis. Mais la contribution d’André Cicolella à la compréhension des facteurs déterminants de l’état de santé sur ce territoire ne se résumera pas à cette rencontre. Le chercheur sera en effet associé au travail du conseil local en santé environnementale en cours d’élaboration. « On est la première ville en France à mettre en place un tel conseil », se félicite Mme Belin, qui en a eu l’initiative au côté Michel Ribay, élu délégué à l’air et au climat.