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Rénovation urbaine/
Le nouveau Franc-Moisin
C’est un sujet hautement inflammable. Dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), le projet de rénovation de la cité Franc-Moisin entre dans sa phase décisive. Commencée en 2016, la concertation autour de ce projet devait initialement se terminer dans l’année écoulée. La Ville avec Plaine Commune et l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), représentant l’État, espèrent désormais signer la convention au plus tard en 2019. Quant au projet, il a pris forme dans les grandes lignes. Les démolitions d’immeubles et les constructions de rues se précisent. Vendredi 21 septembre, le projet devait être présenté aux habitants lors d’une réunion publique, mais celle-ci a été annulée à cause d’un acte malveillant (lire ci-dessous). Il a été confirmé que de nouvelles rues traverseront la cité, avec des trottoirs et des zones de stationnement le long de ces routes. Aujourd’hui détournée de son usage et servant de parking, la place Rouge deviendra un carrefour névralgique, traversé par deux axes, allant d’ouest en est et du nord au sud. « On propose de construire des rues pour qu’on puisse traverser Franc-Moisin. Notre volonté, c’est de désenclaver le quartier, de l’ouvrir sur la ville », défend David Proult, maire adjoint à l’urbanisme et élu du secteur.
Fini le tout logement social
Et qui dit rues, dit démolition d’immeubles. Dans le projet porté par la Ville, il est prévu des destructions partielles aux bâtiments 1, 2, 7 et 13. Dégradé, le B4 serait entièrement détruit. Grand ensemble de 13 étages tout en longueur, ce dernier concentre environ 300 logements sur les 507 destinés à la démolition. À la place, environ 580 logements dans de plus petits immeubles seraient reconstruits : 250 appartements sociaux et 330 privés, dont une partie en accession sociale à la propriété. Les habitants seront accompagnés pour être relogés. « Tout ce qui n’est pas détruit sera réhabilité », rappelle le maire adjoint. Au final, le nombre de logements passerait de 1 886 à 1 959, mais la part de logements sociaux baisserait légèrement à environ 1 630 unités. « On passerait de 100 % à 83 % de logement social », précise David Proult. Par ailleurs, la moitié du groupe scolaire Franc-Moisin/Rodin-Renoir sera détruite pour être reconstruite à l’emplacement des anciens locaux de l’entreprise les Charcuteries gourmandes. Néanmoins, le sort du B4 n’est pas encore réglé. Le bailleur privé Logirep refuse pour l’instant sa démolition. « Pour des raisons financières », selon l’élu. Il assure que Logirep n’est pas satisfait du prix proposé pour le rachat de son parc. « La Ville, PCH et l’Anru poussent pour cette démolition. L’État ne veut pas financer le projet de rénovation si le B4 n’est pas détruit », explique François-Xavier Brabant, du conseil citoyen Stade-de-France, Franc-Moisin et BelAir. « L’Anru veut faire de Franc-Moisin un projet emblématique du NPNRU », confirme David Proult. « Sans la démolition du B4, il n’y aura pas de transformation en profondeur du quartier », estime-t-il. Or, l’enjeu de ce plan est énorme puisque le quartier pourrait bénéficier de 150 à 200 millions d’euros de travaux.
Un manque de concertation déploré
La concertation, elle, est critiquée par des habitants. « On ne nous donne pas toutes les informations, souvent on ne les a qu’au dernier moment. Et à force, des habitants se résignent. Ils laissent tomber et disent aux décideurs : “faites votre projet comme vous le voulez” », critique Diangou Traoré, locataire et membre du conseil citoyen. Au printemps dernier, avec l’aide de l’association Appuii, le conseil citoyen a organisé deux événements publics avec les habitants. Ils ont noté un paradoxe : il y a eu de nombreuses réunions mais les habitants ne se sentent néanmoins pas assez informés. Dans ses conclusions, Appuii écrit que les scénarios proposés par le cabinet de l’urbaniste Catherine Tricot « ne sont pas suffisamment concertés avec les habitants et donnent l’illusion d’un choix, qui résultera en fait d’une négociation entre l’Anru, le bailleur Logirep, Plaine Commune et la Ville de Saint-Denis ». Si le projet est bien avancé, les négociations ne sont donc pas encore terminées.
Aziz Oguz
Présentation annulée. Vendredi 21septembre, la Ville avait installé une grande tente au cœur du quartier pour présenter les grandes lignes du plan de rénovation. Mais la réunion a été annulée après l’irruption de plusieurs jeunes armés de pieds de biche. Ils ont agressé un agent de sécurité, qui n’a pas été blessé, avant de s’enfuir. La police est intervenue. La réunion est reportée courant octobre.
Réactions
Pierre (Pseudonyme non vérifié)
29 septembre 2018
habitant_seine_... (Pseudonyme non vérifié)
01 octobre 2018
Dominique Sanchez (Pseudonyme non vérifié)
01 octobre 2018
Des Francs Moisins (Pseudonyme non vérifié)
02 octobre 2018