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La sérigraphie, un art magique
À l’accueil de loisirs Jules-Guesde, ce 25 novembre, dix enfants âgés de 7 à 8 ans ont participé à la deuxième séance d’un atelier de sérigraphie. Cette technique d’imprimerie utilise des sortes de pochoirs, interposés entre la peinture et le support. « De quoi a-t-on besoin ? », interroge l’artiste Zoé Landry. Les mains se lèvent, empressées. « De la peinture », « une raclette », « du scotch », « une éponge », « le cadre de sérigraphie »… Et tour à tour l’artiste sort les objets de son sac, telle Mary Poppins.
« Nous allons imprimer une maquette de stand de marché sur du papier, pour pouvoir dessiner à plat et ensuite on pourra la découper et la mettre en volume », explique Zoé. Chacun leur tour, les enfants donnent leur coup de raclette de peinture bleue sur le cadre de sérigraphie, et hop ! Le dessin de la maquette apparaît en dessous sur la feuille A4.
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Les enfants s’appliquent désormais à colorier leurs stands, avec des fruits et légumes multicolores. « Le thème du marché, cela leur parle à tous, c’est un peu le centre de la ville à Saint-Denis », souligne l’artiste. C’est elle qui a choisi cet angle, pour la thématique « l’alimentation en ville », de cette troisième édition des ateliers « Au cœur de la ville », organisés par la maison d’édition La Tête ailleurs. « Le support de la sérigraphie est idéal pour faire découvrir aux enfants des pratiques artistiques, des thématiques sociales, tout en s’amusant. Chaque série d’ateliers est conclue par un livre participatif que nous éditons », explique Luna Granada, fondatrice de La Tête ailleurs.
Zoé propose ensuite aux enfants d’imprimer un tee-shirt avec les dessins du premier atelier. Elle assemble du rose, du jaune et du bleu, pour un effet arc-en-ciel. « Ouah ! », commente, impressionné, le premier garçon qui réalise le sien, d’un coup de raclette. « Les enfants sont toujours super contents d’imprimer eux-mêmes les dessins qu’ils ont réalisés, c’est toujours un moment magique. »
Un outil de revalorisation
Récemment, Zoé Landry a aussi participé à un autre projet organisé par La Tête ailleurs, en partenariat avec le 6b. « Je suis intervenue cet automne au lycée Bartholdi, où l’écrivain Néhémy Pierre-Dahomey était en résidence avec un atelier d’écriture, pour une classe d’élèves allophones. L’idée était de leur faire parler de là d’où ils viennent, là où ils sont, et lier les deux. Ils ont créé des pochoirs à partir de papier découpé. Ils étaient assez fiers du résultat », raconte l’artiste, dont l’atelier est à la Briche.
Antoine Petit, sérigraphe aussi à la Briche, travaille également avec un public de jeunes. « Je fais des ateliers avec notamment des jeunes décrocheurs de Stains, qui viennent à l’Adada à Saint-Denis, dans le cadre du PRE (Programme de réussite éducative). Avec le collectif Déchets d’Arts, nous travaillons sur l’autoportrait, en réalisant des affiches, des tee-shirts… Nous avons même refait la décoration du bistrot dionysien Au Pavillon, c’est valorisant pour eux de mettre leur marque dans la ville, explique-t-il. La sérigraphie est un super médium, pour parler de sujets différents de manière ludique. J’ai par exemple travaillé avec les médiathèques de Saint-Denis sur le thème de la parité ». L’artiste aime « partager cette technique de reproduction en série, assez simple à utiliser ». Il donne donc aussi des cours à des étudiants de Paris 8 à l’atelier de l’Adada, mais enseigne également à l’EMPro et l’ESAT Marville à Stains. « Nous exposons leur travail, je leur donne des outils pour créer et reprendre de la dignité, de la fierté. » Ses projets pour la suite : des ateliers pour des migrants et d’autres avec Casado.
Delphine Dauvergne