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Franc-Moisin/Bel-Air, Saussaie-Floréal-Courtille, Centre-Ville
/ La rénovation urbaine en salle d’attente

Dans le quartier du Franc-Moisin, la Ville veut préserver des logements parmi les quelque 480 initialement prévus à la démolition. © Yann Mambert
Dans le quartier du Franc-Moisin, la Ville veut préserver des logements parmi les quelque 480 initialement prévus à la démolition. © Yann Mambert

Après quatre ans de concertation et de négociation, il faudra encore attendre quelques mois pour que le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) à Saint-Denis soit totalement validé. En octobre, la municipalité socialiste – comme de nombreuses villes – a prolongé d’un an, au 30 juin 2021, la période de préfiguration du plan de rénovation urbaine, marqué par la Covid-19.

« L’idée est que dès que les projets sont matures, on passe en phase opérationnelle », souligne Katy Bontinck, première adjointe en charge de la rénovation urbaine, qui espère finaliser l’ensemble des dossiers d’ici avril.

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Le NPNRU concerne trois quartiers : Franc-Moisin/ Bel-Air, Saussaie-Floréal-Courtille et le centre-ville avec d’un côté la rénovation des habitations et de la zone commerciale du quartier basilique, de l’autre un volet spécifique sur l’insalubrité du centre ancien. Au total, ce plan est estimé à environ 350 millions € de travaux, précise l’adjointe, financé en grande partie par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), c’est-à-dire l’État, ainsi que les collectivités locales et les bailleurs sociaux.

Saussaie-Floréal-Courtille

La municipalité s’engage à construire la Maison de santé pluridisciplinaire dans ce quartier de l’est dionysien. Cet ensemble inclura un centre de santé non-municipal, un relais d’assistantes maternelles et la crèche du quartier qui y sera relocalisée et agrandie. « Le projet était complètement lancé par l’équipe précédente. Et on le reprend en état. C’est ce qui va avancer le plus rapidement. Les travaux commenceront début 2021. On espère une livraison au plus tard mi 2022 », explique l’élue.

Centre-ville

Le plan de rénovation du centre-ville sera sans doute le plus bouleversé. « On reconsidère la démolition de l’hôtel Campanile », annonce Katy Bontinck. Elle justifie ce choix par les arbitrages financiers défavorables de l’Anru sur la rénovation du centre-ville présentée fin 2019. « L’ancienne municipalité n’était pas revenue vers les habitants et le conseil citoyen pour les informer que le projet était dans une impasse », critique la première adjointe. Au lieu de détruire le Campanile, elle préfère destiner l’argent de l’Anru à la rénovation des logements, se défend-elle. « Faire tomber tout un bâtiment, en soi qui n’est pas dégradé, plutôt en bon état, cela ne nous paraît pas raisonnable », justifie-t-elle, même si elle a demandé aux architectes de revoir le rez-de-chaussée de ce bâtiment pour l’ouvrir sur la place Jean-Jaurès.

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La Ville met aussi dans au placard la rénovation et l’agrandissement du cinéma l’Écran. Katy Bontinck rejette la responsabilité sur la municipalité communiste. En dehors du rachat des commerces, « il n’y avait pas le début d’un euro pour financer ce projet », tacle-t-elle. Selon l’élue, l’agrandissement du cinéma dépendra des arbitrages en 2021 sur les investissements d’équipements de la mandature, voire au-delà. Ce projet n’est donc pas abandonné, mais il est repoussé a priori à un horizon lointain. Par ailleurs, Katy Bontinck s’engage à pérenniser le jardin Haguette, même s’il ne continuera sans doute pas au même endroit. La Ville va faire des propositions dans le même secteur «d’une parcelle de jardin partagé au moins aussi grande que l’actuelle ».

Franc-Moisin

Le projet restera grosso modo le même à Franc-Moisin, même s’il y aura quelques modifications. L’adjointe confirme la démolition du bâtiment 4, un ensemble de 290 logements : « Cette barre sera démolie. On l’a dit pendant la campagne municipale. » Néanmoins, la Ville veut préserver des logements parmi les quelque 480 initialement prévus à la démolition. « On n’en sauvera pas la majorité. Mais si on peut un peu moins démolir, ce serait bien », explique-t-elle, avançant le chiffre de 50 logements épargnés. « Ce qui n’est pas négligeable, surtout quand des gens veulent rester », justifie-t-elle.

Pour ce faire, la Ville a demandé aux urbanistes que le nouvel axe routier nord-sud, qui passe au cœur de la cité, soit moins rectiligne, afin de contourner des bâtiments, et donc d’éviter des destructions. La municipalité envisage également de construire de nouveaux logements sur la zone d’entrée de la cité, côté Aubervilliers, au niveau de l’ancienne zone d’activités. « C’est une bonne chose s’il y a moins de démolitions », confie Diangou Traoré, du Conseil citoyen du quartier. Début décembre, une délégation d’habitants a rencontré la première adjointe. Une rencontre plutôt fructueuse, selon Diangou Traoré. « On nous a expliqué qu’il y aura un réajustement du projet, mais on aurait aimé que le conseil citoyen puisse retravailler sur ce réajustement», regrette-elle néanmoins.

Aziz Oguz

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petite précision : l'ANRU n'est pas financée en majorité par l'Etat mais pas Action Logement (le 1% patronal pour le logement des salariés) ce qui n'est pas sans conséquence sur les règles de financement.