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Au cimetière communal /
La nature plus vivante que jamais
En ce mois de juin, le cimetière communal est plus fleuri qu’à l’accoutumée. En cause, un climat à la fois doux et pluvieux facteur d’une nature luxuriante : coquelicots, pissenlits et hautes herbes prospèrent. Des faux airs de jardins publics qui masquent la funeste réalité des lieux. « Les herbes qui dépassent les sépultures, c’est intolérable ! Vous venez vous recueillir sur la tombe de vos défunts… Vous trouvez un champ à la place. Je suis dégoûté. » J-P ne mâche pas ses mots. Le sexagénaire, dont les parents et grands-parents sont enterrés sur place, broie du noir. « On nettoie nous-même avec ma femme, à notre âge ! On s’est plaint plusieurs fois. J’ai l’impression que le cimetière est à l’abandon, j’ai honte », ajoute-t-il excédé. La loi du 18 août 2015 sur la transition énergétique, entrée en vigueur en janvier 2017, interdit en effet l’utilisation de produits phytosanitaires dans les espaces verts ouverts au public. Les herbicides tels le glyphosate ont été bannis pour préserver l’écosystème et limiter les risques sanitaires. Cette nouvelle législation implique davantage de travail dans le cimetière : les agents doivent désherber et entretenir manuellement les lieux.
11 hectares pour 5 agents
« Nous avons investi dans des débroussailleuses, tondeuses, tondeuses à main, etc. C’est énorme comme travail, sachant qu’il y a 11 hectares pour 5 agents d’entretien seulement, explique Nathalie Gaudet, la responsable du cimetière. À tel point que nous devons aussi mettre la main à la pâte : ce matin j’ai passé la tondeuse et mon adjoint a élagué les arbres. Certains administrés disent que c’est sale mais ce n’est pas le cas, c’est la nature ! La saleté ce sont des bouteilles, du plastique et des papiers qui traînent. Là ça n’est pas le cas ! Il s’agit surtout de mauvaises herbes et de coquelicots. D’autres trouvent ça beau. Les gens en ville sont habitués à voir du béton et pas autant de verdure. On doit arriver à les sensibiliser à l’écologie grâce aux affichages, aux poubelles de tri, aux bacs à fleurs et bidons réutilisables mis à disposition à la place des arrosoirs », souligne-t-elle. Faute de budget conséquent, la direction assure ne pas pouvoir recruter plus de personnel pour le moment. Loin d’être à l’agonie, la flore du cimetière de Saint-Denis s’accroche irrémédiablement à la vie.
Wanice Kouri
Réactions
Diderot (Pseudonyme non vérifié)
19 juin 2019
Houari (Pseudonyme non vérifié)
19 juin 2019
Janno (Pseudonyme non vérifié)
19 juin 2019
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