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La Miel : 20 ans et une nouvelle maison
Imaginée par des élus de Plaine Commune pour aider à la création d’entreprises, la Maison de l’initiative économique et locale s’apprête à fêter ses vingt ans. Mais ce ne sera pas à Franc-Moisin. L’immeuble d’activités où elle avait ouvert en 1998 a été promis à la démolition dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier. Elle en était la dernière locataire, jusqu’en janvier où elle a plié bagages. Sylvie Saget n’en éprouve aucun regret. Bien au contraire. Pour la directrice de la Miel, puisque tel en est le doux acronyme, l’association bénéficie à présent d’un « emplacement quasi idéal ». Une superficie de 120 m2, à deux pas de la Porte de Paris et de ses transports en commun. Et une cohabitation qui s’annonce des plus fructueuses avec le bailleur, la coopérative Pointcarré. « On est très proche dans l’objet de nos structures. On a le même public. Ce qui va nous permettre de développer certaines actions. » Des Matinales ont été ainsi programmées dans l’espace café-boutique en rez-de-chaussée à l’intention de « tous les porteurs de projets qui souhaiteraient s’informer sur l’économie sociale et solidaire ».
Maintenant que la Miel a gagné en visibilité, comme s’en félicite sa directrice, seront-ils plus nombreux à frapper à sa porte ? Elle avait accueilli en 2017 près de 400 porteurs de projets tous domiciliés comme il se doit sur le territoire de Plaine Commune. À 38 ans d’âge moyen, c’était à 40% des femmes, et à 71% des personnes sans emploi. Principaux secteurs d’activités visés, les services aux particuliers et aux entreprises, le transport, « le commerce sous toutes ses formes » et la restauration, toujours très prisée. « Mais des projets de restaurant en tant que tels, il y en a très peu, précise Sylvie Saget. La mode des food trucks aussi est finie, parce qu’il n’y a plus de place. Maintenant ce sont des activités de traiteurs et de chefs à domicile. » Ces derniers ayant l’avantage de n’avoir pas besoin d’un laboratoire.
Créer un collectif d'entrepreneurs
Mais entre le projet et la création d’entreprise, le taux des abandons atteint 80%, faute de perspectives de rentabilité, faute de diplôme là où il est obligatoire (en pâtisserie par exemple), faute d’expérience ou de réseau. « On pourrait penser aussi dans nos quartiers aux activités de sécurité ou de nettoyage, ajoute Sylvie Saget. C’est un marché énorme, mais qui est pris par les grosses boîtes. » Gratuits à l’exception d’une adhésion annuelle à l’association (à partir de 40 euros), les services de la Miel comprennent « un accompagnement personnalisé avec un conseiller », et couvrent les besoins à chaque étape de l’avancement du projet avec des permanences, ateliers ou conférences.
Parce que la survie d’une petite entreprise sur deux n’excède guère les cinq ans, la Miel diversifie aussi les offres pour les consolider. Parmi les plus récents, un Apéro Networking se tient une ou deux fois par mois dans les locaux de Plaine CoWorking à Aubervilliers. Le programme en a été établi en fonction des besoins, sur la réputation numérique de l’entreprise, sa trésorerie, etc. Et sur la maîtrise du temps, ou « comment ne pas partir en burn-out. C’est un problème qui nous est revenu assez souvent. » Comme l’explique sa directrice, « l’idée est aussi de créer un collectif entre entrepreneurs, qu’ils puissent se parler entre eux ». Y compris de « questions qu’ils n’osent pas aborder ». « Pour que s’opère la relation de pair à pair », la Miel s’apprête d’ailleurs à mettre en place une méthode importée du Québec, le mentorat. « Ce n’est ni du consulting, ni coaching », précise Lokman Benchardi, chef de projet. C’est une « relation en binôme » entre entrepreneurs, l’un plus ou moins débutant, le « mentoré », et l’autre expérimenté, le mentor, qui « apporte des solutions par la méthode du questionnement. C’est un rapport humain entre deux personnes qui ont une histoire similaire ». Rappelons enfin que la Miel a ouvert en 2005 à La Courneuve une pépinière d’entreprises pour héberger pendant quatre ans vingt-cinq jeunes pousses. Un effectif maximum aujourd’hui atteint.
Au 20 bis, rue Gabriel-Péri. Site : www.lamiel.org