C’est une cicatrice en plein cœur de ville. L’immeuble au 48 rue de la République, situé en face du bureau de Poste, est ce qu’il reste de l’attaque policière menée par le Raid, le 18 novembre 2015, contre deux terroristes en cavale, impliqués cinq jours plus tôt dans les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis. Cet ensemble décrépi et grisâtre est totalement condamné depuis maintenant cinq ans. Et il restera vide encore un temps avant une démolition attendue pour 2022, selon des prévisions de la Société de requalification des quartiers anciens (Soreqa).

Cette entreprise publique d’aménagement – spécialisée dans l’habitat indigne – a été missionnée, en septembre 2018, par Plaine Commune et la Ville pour mener à bien un projet de démolition-reconstruction dans le cadre du Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD). « C’est un immeuble particulier », souligne Sylvie Froissart, directrice de la Soreqa, qui rappelle que cette copropriété était déjà dégradée avant d’être fragilisée par l’assaut.

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La Soreqa a engagé une « longue » procédure pour prendre possession de l’immeuble en identifiant et contactant dans un premier temps les propriétaires des 38 logements et des 6 surfaces commerciales du 48 rue de la République. « On leur a expliqué que vu l’état de dégradation de l’immeuble, la collectivité avait décidé de se substituer aux propriétaires et donc de racheter [cet ensemble] », explique la responsable. La société publique leur a alors proposé deux solutions : négociation à l’amiable ou procédure en justice qui se solde par la décision d’un juge fixant des indemnités d’expropriation.

À l’heure actuelle, la Soreqa « a négocié à l’amiable l’acquisition de plus de la moitié des 85 lots de copropriétés. Quelques négociations se poursuivent. » Sylvie Froissart estime qu’à terme la Soreqa devrait ainsi acquérir « entre la moitié et les deux tiers » des lots. En cas d’échec, « on a engagé en parallèle une procédure qui aboutira à l’expropriation des propriétaires ». Selon elle, la société publique doit prendre possession de la totalité de l’immeuble au plus tard « début 2021 ».

Viendra ensuite une phase de préparation de la démolition, prévue en 2022. Les travaux de construction – d’un ensemble de « moins de 30 logements » – pourraient débuter au second semestre 2022 pour une livraison fin 2023. Les logements seront proposés à la vente, « sans doute » en accession sociale à la propriété. Quand la société publique aura pris possession de l’ensemble de l’immeuble d’ici quelques mois, confirme Katy Bontinck, première maire adjointe en charge du logement et de l’habitat indigne, « la Ville travaillera avec la Soreqa sur la programmation qui sera […] du logement, avec une recherche de diversification de l’habitat comme pour tous les projets, et du commerce en rez-de-chaussée. »

Aziz Oguz