Cultures
Covid-19 /
La culture aux temps du corona
Les mesures engagées par le gouvernement pour lutter contre la propagation du Covid-19 impactent tous les pans de la société et notamment le secteur culturel. Ainsi, les salles de spectacles, structures municipales et associations culturelles dionysiennes ont fermé leurs portes et ce jusqu’à nouvel ordre.
Après une réunion d’urgence des services municipaux vendredi 13 mars, il a été décidé la fermeture temporaire de nombreux lieux et l’annulation pure et simple d’événements culturels comme la Fête des tulipes et la Quinzaine antiraciste prévue fin mars. Les équipements municipaux tels que le conservatoire, l’école d’arts plastiques, la Maison de la jeunesse et de la culture, les espaces jeunesse et les ludothèques ne pourront accueillir les dionysiens. Il en va de même pour l’ensemble des médiathèques du réseau Plaine Commune. Les Maisons de quartier subissent le même sort et les concerts prévus dans le cadre du Festival de Saint-Denis qui devaient s’y tenir ont été annulés d’emblée… Enfin, le musée d’art et d’histoire Paul-Éluard a également fermé la porte de son carmel pour une durée indéterminée.
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Le chapiteau Raj’ganawak et le Théâtre Gérard-Philipe annulent leurs représentations jusqu’à fin avril, tout comme la compagnie Jolie Môme qui suspend toutes ses activités au théâtre de la Belle Étoile. Quant à l’académie Fratellini, elle ferme son école de cirque dès cette semaine. Aussi, il sera impossible de se rendre dans les salles obscures pour profiter des dernières sorties : le cinéma l’Écran et le Gaumont ont fermé leurs guichets. Pour se cultiver – et passer le temps – il faudra chiner dans sa bibliothèque ou dans le catalogue des services de vidéo à la demande ou même celui des médiathèques pour les abonnés sur mediatic.mediatheques.fr…
Le cinéma l’Écran propose même sur sa page Facebook de découvrir chaque jour un film en visionnage gratuit sur Internet. En revanche, inutile de se rendre à la librairie Folies d’Encre pour se faire un stock de livres, la boutique a tiré le rideau. Du côté du 6b, les ateliers des résidents restent ouverts, mais le lieu n’accueillera pas le public dans ses espaces ni à la cantine Le Cibo.
Difficultés pour les intermittents
Face à cette pandémie et les mesures sanitaires drastiques qui l’accompagnent, c’est toute l’économie du secteur culturel qui est donc fragilisée. Les intermittents du spectacle, du fait de leur statut particulier, risquent d’en payer le prix fort. « Nous avons une grosse inquiétude sur l’avenir à court terme car nous n’aurons plus aucune recette et, à moyen terme, car se pose la question du renouvellement de nos droits », explique Loïc Canitrot de la compagnie Jolie Môme. Les intermittents du spectacle alternent entre périodes travaillées et non travaillées. Et pour prétendre à leurs droits, techniciens (ingénieur du son, régisseur, maquilleuse…) et artistes (comédiens, chanteurs, musiciens…) doivent démontrer avoir accompli ou engrangé suffisamment d’heures payées et de cachets journaliers. Pour obtenir des allocations chômage, un intermittent du spectacle doit justifier avoir travaillé 507 heures au cours des douze mois précédant son inscription.
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« Il faudrait étendre cette période au moins à quatorze mois, estime Loïc Canitrot. Avec le printemps, c’était la saison culturelle qui reprenait. Je devais faire pas mal d’heures ce mois-ci avant avril, mais je n’ai pas les moyens de faire ces heures. Je pourrais donc perdre mon assurance chômage en mai et être directement au RSA. »
Avec le député PCF André Chassaigne et la CGT Spectacle, le cofondateur du mouvement Nuit Debout travaille sur un courrier adressé au gouvernement sur les dispositions d’urgence à prendre pour éviter la catastrophe. « Nous souhaitons que les salaires puissent être versés via un fonds exceptionnel. Il faut qu’à la fin du mois de mars on puisse avoir un salaire reversé à tous. Pour le moment, il n’y a pas de garanties. Il a été question de reports de charges sociales ce qui est insuffisant. Les prestataires de spectacles ne feront pas de cachets s’il n’y a pas de recettes. » Pour rappel, en France, en 2017, on dénombrait près de 122 500 intermittents indemnisés.
Maxime Longuet