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Lycée Suger
/ La Colombie au-delà des clichés

En octobre 2019 cinq élèves du lycée Suger de Saint-Denis sont allés en échange en Colombie, dans la ville de Medellin, qu’ils connaissaient surtout via la série télévisée Narcos. L’occasion de déconstruire leurs préjugés.
Les lycéens de Suger accopmpagnés de leurs correspondants colombiens. © Camille Beauvais
Les lycéens de Suger accopmpagnés de leurs correspondants colombiens. © Camille Beauvais

Hamja, Coralie, Oscar, Laura et Cleia, lycéens à Suger, ont pu partir en voyage scolaire en Colombie en octobre 2019. « Le but est de créer un échange avec des élèves colombiens, pour permettre une ouverture culturelle plus vaste que dans les pays limitrophes de la France, » explique Camille Beauvais, l’enseignante d’histoire-géo organisatrice du voyage. Elle s’est lancée dans ce projet grâce à un contact sur place, au Colegio Colombo Frances, l’établissement qui a accueilli les élèves. « C’était aussi une ouverture pédagogique, ils ont assisté aux cours des Colombiens et inversement lorsque les Colombiens sont venus en France en mars 2019 », ajoute-t-elle.

En totale immersion pendant 3 semaines, les jeunes ont vécu au sein des familles de leur correspondant, pour partager leur quotidien.

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« Nous étions dans des familles très aisées car les élèves sont dans un lycée privé, ils étaient 10 par classe et fonctionnent de manière autogérée, ils peuvent prendre des pauses quand ils veulent, il n’y a pas de hiérarchie entre les élèves et les professeurs. Ils ont moins de cours mais leurs savoirs sont mieux acquis », constate Oscar, 16 ans. Pour Coralie, 17 ans, la situation était particulière : « mon père est colombien, il était au départ très réticent à ce que je parte à cause du narco-trafic, j’étais émue de découvrir son pays ». 
 

Entre histoire et fiction

« On s’imaginait des armes et de la drogue vendues à tous les coins de rue, à cause de la série télévisée Narcos qui se passe là-bas, mais on n’a rien vu de tout ça… On trouve plutôt des fruits et des personnes très accueillantes », sourit Hamja, 17 ans. Les élèves ont aussi constaté que « la drogue est un sujet très tabou là-bas ». « Les Colombiens n’ont pas voulu par exemple venir avec nous voir un « Mémorial Tour » qui devait raconter l’histoire de la ville du point de vue des victimes, il s’agissait finalement d’un circuit sur les pas de Pablo Escobar, célèbre baron de la drogue », raconte Camille Beauvais. Oscar ajoute : « ça mettait un peu mal à l’aise d’aller sur les lieux de sa vie, sur sa tombe, en marbre et surélevée… »

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Même si les week-ends étaient dédiés à des sorties touristiques, les lycéens sont aussi partis avec l’idée de réaliser un travail en lien avec leur séjour. « Nous voulons transmettre notre expérience, montrer Medellin avec notre regard de touriste, avec un thème qui abordera la frontière entre l’histoire et les narco-séries », déclare Hamja. En spécialité photo avec Laura, il pense faire une exposition. Pour Oscar ce sera un court-métrage.

Au printemps 2020, des élèves colombiens viendront et le groupe de lycéens organisera un événement au lycée pour partager leur expérience. Ils seront aussi invités à faire une conférence à l’Ambassade de Colombie en France.

Ce séjour, d’un coût de 500€/élève, a été une expérience humaine enrichissante pour ces jeunes qui ont noué des liens très forts avec les familles. Hamja, est lui parti sans connaître un mot d’espagnol.

« J’appréhendais mais j’ai réussi à me faire comprendre, à apprendre, et depuis je continue d’échanger avec mon correspondant et sa famille par téléphone, en espagnol. C’est comme une deuxième famille », confie-t-il. Hamja et Coralie pourront d’ailleurs mettre cette expérience à l’international à profit pour leur projet professionnel : faire une formation dans le commerce international. Le projet d’échange et voyage scolaire en Colombie vient d’être renouvelé pour l’année prochaine, Camille Beauvais espère qu’« il sera pérennisé ».

Delphine Dauvergne