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Zahia Ziouani en concert/
La Cheffe orchestre le classique pour tous
« La musique n’appartient pas à un territoire ou à une catégorie sociale spécifique
», cette sentence de Zahia Ziouani définit l’état d’esprit dans lequel se trouve la jeune cheffe d’orchestre. Originaire de Stains, où elle a dirigé un temps le conservatoire, Ziouani donnera deux représentations exceptionnelles jeudi 25 janvier à l’église Saint-Paul de la Plaine dans le cadre des rendez-vous musicaux des Trois Saisons de la Plaine. Avec son ensemble Divertimento qui fête cette année ses 20 ans, elle interprétera la Petite symphonie de Charles Gounod et la Sérénade pour vents du Tchèque Antonin Dvorak. C’est avec cette passion pour le classique, qu’elle nourrit depuis son plus jeune âge, que la maestra motive ce programme alléchant.
« Avec Divertimento, nous sommes très attachés à valoriser le répertoire français qui n’est pas toujours très bien honoré dans notre pays. Gounod a une écriture élégante, très fine. Ce qui me plaît chez lui, c’est qu’il s’est beaucoup inspiré d’autres cultures
, explique Zahia Ziouani justifiant le lien avec Dvorak. Sa Sérénade pour vents est très belle, parfois rustique, mais elle a toujours inspiré les musiques populaires. Et justement, ce qui nous guide c’est de montrer au travers de la musique que les peuples se rencontrent. Il nous semble intéressant d’avoir à la fois de la musique dite savante et une autre plus populaire.
»
Rendre accessible au plus grand nombre la musique classique est le leitmotiv auquel s’attache de toutes ses forces la cheffe. Elle est convaincue du pouvoir de l’art, elle qui a eu la chance de baigner très tôt dans la musique (au conservatoire elle a appris la guitare classique puis l’alto). Aujourd’hui, elle souhaite rendre à d’autres ce que ses parents mélomanes lui ont apporté. « Je travaillais récemment sur un concert éducatif à Tremblay-en-France. Les jeunes ont vraiment envie d’être là. Mon but est d’arriver à créer ce déclic, à susciter de la curiosité chez eux. J’ai pu développer ma carrière parce que j’ai eu accès à la culture,
confie-t-elle. Que ce soit à Stains ou à la Philharmonie, la rigueur des musiciens de Divertimento est intacte. Il en découle un sentiment de reconnaissance chez le public.
»
Si Zahia Ziouani peut se targuer d’un parcours sans faute pour des résultats précoces – c’est à 20 ans seulement qu’elle monte son orchestre – il n’en demeure pas moins vrai que le chemin a été pavé d’embûches : femme, originaire de la banlieue parisienne, issue d’un milieu modeste, qui choisit d’investir avec des projets pédagogiques les quartiers comme les prisons. « J’ai pu en tirer une force qui me permet de développer des idées nouvelles pour fédérer des publics différents.
» Si elle déplore des moyens insuffisants pour pérenniser certains projets, elle garde le cap. « Mon rêve est que notre engagement auprès de ces territoires soit plus reconnu et valorisé au niveau de l’État,
dit-elle, dénonçant dans le même temps un entre-soi encore solide. Il n’y a pas beaucoup de mixité dans les institutions. Je pense qu’il faudra attendre quelques générations pour avoir une égale considération entre les territoires.
»
Maxime Longuet
Jeudi 25 janvier, à 12h30 et à 20h, à l’église Saint-Paul de la Plaine (29, rue du Landy). Entrée gratuite. Concert filmé.
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