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17, rue Catulienne/
L’immeuble a été évacué
Le bâtiment a comme été griffé. Les balafres dans le ciment de la façade laissent apparaître les briques de l’édifice, mettant à nu les problèmes de l'immeuble, situé au 17, rue Catulienne dans le centre-ville. Collé au conservatoire de musique et de danse, l’édifice n’est qu’à quelques pas de la rue de la République, la principale artère commerçante de Saint-Denis. Vendredi 14 décembre, la municipalité a évacué la quinzaine d’occupants de ce bâtiment de quatre étages, qui était frappé d’un nouvel arrêté de péril imminent depuis le 10 décembre dernier. Répertoriant sept adultes locataires ainsi que cinq propriétaires occupants, la Ville a pris en charge l’hébergement des premiers, tandis qu’elle s’est aussi engagée « à titre humanitaire » à héberger temporairement les seconds « qui n’auraient pas de solution ». Pour justifier l’évacuation, la Ville s’est basée sur un rapport d’expertise, ordonné par le tribunal d’instance de Montreuil fin novembre. Cet avis se révèle alarmant.
« Compte tenu des tassements des fondations et des déliaisonnements observés, [l’experte] estime que le péril grave et imminent est avéré [et] caractérisé par une instabilité structurelle de l’immeuble », est-il écrit. L’experte demande « l’évacuation des occupants de l’ensemble de l’immeuble ». Malgré les conclusions du rapport d’expertise, l’action de la Mairie met en colère certains des copropriétaires. « On fout dehors les gens et on étrangle financièrement des copropriétaires aux revenus modestes », s’énerve Philippe Julien, président du conseil syndical et propriétaire d’un appartement acheté 140 000 euros en 2011. En effet, l’arrêté de péril interdit aux propriétaires de faire payer un loyer aux locataires. Et il ne permet plus à la copropriété de bénéficier de l’Opération programmée d’amélioration de l’habitat (Opah), une aide financière de l’État pour rénover le bâtiment.
Pour prouver la bonne foi des propriétaires, Philippe Julien cite les mesures d’urgence pour un montant de 40 000 euros effectuées suite à un premier arrêté de péril imminent pris par la Ville en septembre. Cet arrêté avait été levé mais la Ville a constaté une nouvelle
« dégradation », saisissant alors le tribunal administratif. Dans son rapport, l’experte a confirmé que ces travaux n’ont pas suffi à stabiliser la structure, fortement fragilisée par une série de fuites d’eau ces dernières années. « Les ruptures de canalisations et nombreuses fuites actives en caves sont très certainement la cause de la modification de la qualité des sols, devenus meubles et instables. L’édifice semble amorcé un affaissement côté rue. La cage d’escalier d’accès aux caves s’affaisse dangereusement », écrit-elle.
« On ne peut pas prendre de risque »
Maire adjoint à l’urbanisme, David Proult assume la décision de la municipalité. « Le rapport d’expertise dit qu’il y a danger. La Ville est responsable de la sécurité des personnes. On ne peut pas prendre de risque avec la vie des gens. Si l’immeuble s’était effondré et qu’on ne l’avait pas évacué, qu’est-ce qu’il aurait été dit ? Il fallait qu’on prenne nos responsabilités », soutient l’élu. Philippe Julien y voit pourtant une manœuvre de la Ville pour récupérer l’immeuble. Le président du conseil syndical a un profond sentiment « d’injustice ». « Ce sont les économies de toute une vie qui partent en fumée », confie-t-il. Selon lui, les mesures d’urgence pour lever l’arrêté de péril s’élèvent à environ 40 000 euros, et il faudrait encore 200 000 euros pour remettre le bâtiment en état. L’élu David Proult se défend d’un tel projet « machiavélique ». « Notre intérêt, c’est que les copropriétaires s’en sortent. Mais encore faut-il qu’ils en soient capables », assure-t-il. Une réunion était prévue ce jeudi 20 décembre entre la Ville et les copropriétaires.
Aziz Oguz
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Réactions
Vero (Pseudonyme non vérifié)
21 décembre 2018
yann.lalande
21 décembre 2018
gustave45 (Pseudonyme non vérifié)
26 décembre 2018