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Crise sanitaire
/ L’auberge solidaire

L’Auberge municipale accueille depuis plus d’une semaine des patients de Delafontaine, sous-tension en raison de la situation sanitaire. L’accueil solidaire dans les écoles à destination des enfants de personnels prioritaires a été remis en place.
L’Auberge municipale, voisine du stade Auguste-Delaune, est entourée de 5 000 m2  de parc verdoyant. © Yann Mambert
L’Auberge municipale, voisine du stade Auguste-Delaune, est entourée de 5 000 m2 de parc verdoyant. © Yann Mambert

L’ancienne bâtisse néogothique du début du XXe siècle se fait plutôt discrète derrière ses hautes grilles vertes. À deux pas du palais des sports Auguste-Delaune, l’Auberge municipale, un des trésors méconnus de la ville, s’est transformée en hôpital de campagne. Loin de l’image d’Épinal des dispensaires construits hâtivement sous des tentes, l’Auberge, entourée de ses 5 000 m2 de parc verdoyant, est un véritable havre de paix.

C’est pour désengorger l’hôpital Delafontaine que l’Auberge municipale accueille depuis mardi 10 novembre trois patients non-Covid en fin de traitement. Trois autres malades devraient poser bagages dans les jours à venir, au sein de cette résidence qui peut accueillir jusqu’à quinze patients.

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« En cas de nécessité absolue, nous pouvons doubler le nombre de personnes par chambre et transformer la salle commune pour accueillir des lits médicalisés », précise Thierry, le responsable des lieux. Le manoir situé à deux pas de l’université Paris 8 abrite en temps normal des groupes scolaires en visite dans la capitale, des conférences ou des formations. La municipalité avait déjà ouvert son centre de conférences lors du premier confinement pour y héberger une quinzaine de médecins et infirmiers venus de province et mobilisés à Delafontaine.

Principalement des malades chroniques

Entre ses murs, il y fait chaud comme dans un hôpital, le calme d’une chapelle en plus. Aucune transformation des lieux n’a été nécessaire pour accueillir des patients « qui n’exigent pas de suivi médical très lourd » et souffrent principalement de maladies chroniques comme le diabète. « Ce sont tout de même des personnes qui sont là pour une durée assez longue », indique le responsable du site. Objectif de cet accueil : soulager les soignants en libérant des lits. Un médecin traitant hospitalier passe une fois par semaine et des infirmières et aides à domicile du groupe mutualiste francilien VYV3 contrôlent très régulièrement l’état des patients.

« VYV3 a accepté d’être partenaire de cette opération », précise-t-on à la Ville. Les services hospitaliers, en charge de sélectionner les patients, ont fait le choix de confier à l’Auberge des personnes en situation précaire. « Elles ont parfois besoin, en plus de leurs problèmes de santé, de trouver des solutions de logements ou de relogement », explique-t-on. L’Auberge va également accueillir des personnes âgées qui vivent seules et sont en perte d’autonomie après des problèmes de santé. « Elles ont besoin d’un temps de convalescence avec un accompagnement plus poussé que l’hôpital ne peut plus leur offrir en raison de l’urgence de la crise. »

« Les patients se sentent bien ici, décrit Thierry. Ils ont la peur de la Covid en moins et profitent de l’opportunité de ce cadre préservé. » Ici, les patients peuvent circuler comme bon leur semble. Une salle télé est mise à leur disposition et les repas, fournis par la Ville, sont pris en commun dans la grande salle de réception. « On a des patients de 20 à 65 ans qui vivent ensemble, on fait un peu de l’intergénérationnel », ironise Thierry.

Pour les enfants de personnels mobilisés

 Offrir aux Dionysiens une continuité du service public et un appui aux solidarités est un des objectifs affiché par la Ville. Comme durant le premier confinement, la Ville a mis en place dès le retour des vacances de la Toussaint un accueil solidaire à destination des enfants de personnels prioritaires. Cette fois-ci, les écoles étant restées ouvertes, la municipalité a mis à disposition deux accueils de loisirs, Les Drapiers/Gutenberg à la Plaine et Joliot-Curie/Moulin-Basset, les week-ends et jours fériés. Enfants de soignants, enseignants, personnels communaux et policiers (la liste est non-exhaustive) peuvent donc être accueillis sur inscription (1) de 8h à 18h30.

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« Notre capacité d’accueil est adaptable, il reste de la place », précise Leyla Temel, maire adjointe à l’éducation. En raison notamment du mouvement social qui immobilise depuis début octobre les cantines de la ville (lire page 2), la mairie a également mis en place un accueil solidaire sur le temps de la pause méridienne en cas de fermeture du service. Les enfants de « personnels mobilisés », munis d’un pique-nique fourni par les parents, sont donc, également sur inscription (1), accueillis au sein de leur école habituelle par du personnel de la direction de l’Enfance et/ou de la Vie scolaire. « Là encore la liste n’est pas exhaustive », précise l’élue qui invite les parents à contacter la municipalité par mail. Mais certains parents dénoncent un sentiment d’injustice.

« Les critères de cet accueil solidaire sont opaques. Pourquoi les travailleurs essentiels ne sont pas considérés comme prioritaires ?, s’interroge Séverine Kakpo du collectif On veut nos cantines. Les cantines ne sont pas fermées en raison d’un confinement mais d’un mouvement social. Le seul accueil solidaire qui vaille c’est le service public pour tous. »

Olivia Kouassi

(1) Les parents concernés sont invités à envoyer un mail à ecole_solidaire@ville-saint-denis.fr afin d’inscrire leurs enfants. Pour plus d’informations concernant les modalités d’inscription, rendez-vous sur le site de la Ville : ville-saint-denis.fr

Réactions

La vaccination de plusieurs millions de francilien-ne-s est une opération complexe par ce que les vaccins à ARN messager doivent être conservés au froid. Une coordination sera nécessaire entre les hôpitaux lieux de stockage des produits dans leurs super-congélateurs et les villes lieux de vaccination des habitants et des salariés. Au 19 novembre 2020 l'Agence Régionale de Santé d'Île-de-France n'a toujours pas présenté un plan de vaccination (ni le Ministère de la Santé). Pourquoi Olivier Véran, dans chacune de ses interventions publiques, met-il en doute l'efficacité des vaccins de Biontech et de Moderna alors que les phases 3 ont démontré que ces produits nous protégeaient de la maladie covid-19 ? Au 19 novembre 2020 dans les hôpitaux français 4653 patients de la maladie covid-19 se trouvent en réanimation ou en soins intensifs ou en unité de surveillance continue. Chaque jour de retard dans la vaccination entraînera des arrivées supplémentaires aux urgences d'Avicenne de Delafontaine de Bichat en détresse respiratoire. Il est temps que les élus locaux interviennent proposent des solutions pour les lieux d'injection et réclament un plan de vaccination à l'Agence Régionale de Santé d'Île-de-France.