Cultures
60 Adada/
L’art, des valeurs et un refuge
Depuis le 20 janvier, le 60 Adada héberge dans ses locaux 12 mineurs isolés étrangers de l’association Les Midis du MIE. Chaque soir, des activités artistiques sont proposées au groupe dans le cadre du Mois artistique et solidaire, un projet à l’initiative de l’artiste Yvan Loiseau.
Au programme: des ateliers peinture, chant, pochoir, dessin, sérigraphie, théâtre ou encore écriture, animés par plusieurs artistes. « Les personnes qui interviennent avec le groupe sont des membres de l’Adada qui mettent en place les ateliers de manière bénévole. Tous ont un désir de pédagogie, et de l’expérience. Ils le font pour la cause », explique Marie Willaime, chargée de coordination au 60 Adada.
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Dans la soirée du 7 février, alors que l’artiste Antoine Petit initie le groupe à la sérigraphie, la fondatrice et responsable des Midis du MIE Agathe Nadimie tente de trouver une solution pour « la suite », lorsque les jeunes hébergés au 60 Adada devront quitter les lieux le 22 février. Fondé il y a trois ans, son collectif vient en aide à des migrants isolés âgés de 15 à 17 ans environ. « Nous les aidons le temps de leurs recours juridiques et administratifs. À Paris et en Seine-SaintDenis, plus de 80 % d’entre eux ne bénéficient d’aucune aide une fois arrivés en France. Nous faisons des maraudes pour aller à la rencontre de ces jeunes qui se retrouvent sans endroits où manger et dormir », précise Agathe Nadimie. Les bénévoles organisent également des repas quatre fois par semaine à Paris près des locaux du DEMIE (le dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers).
Les recours juridiques pour les mineurs isolés étrangers en région parisienne prennent en moyenne six mois, mais certains jeunes peuvent se voir refuser l’aide de l’État «après huit, neuf mois ou même un an d’attente », selon Agathe Nadimie. La bénévole constate que « quand un jeune est encadré et hébergé, il se reconstruit, se repose, et aborde ces longues démarches autrement ». Avoir un toit leur permet aussi de « rompre l’isolement et de créer des liens d’amitié et de solidarité ».
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L’adhésion des migrants
Les Midis du MIE ont donc pour objectif de préparer les mineurs isolés étrangers avant leurs audiences au tribunal, « en espérant un placement ». Alors que certains sont hébergés dans des foyers le temps qu’un juge rende une décision finale sur leur cas, d’autres sont renvoyés dans la rue, laissés-pour-compte. Les ateliers artistiques du 60 Adada semblent rencontrer un grand succès auprès du petit groupe.
Vendredi 14 février, ces adolescents accueilleront le public et exposeront les œuvres qu’ils ont réalisées. Agathe Nadimie espère que cette soirée sera aussi l’occasion de « rencontrer des personnes susceptibles de s’intéresser à cette cause » et, pourquoi pas, de futurs bénévoles et donateurs.
Andréa Mendes
Un mois artistique et solidaire, jusqu’au 20 février au 60 Adada (60, rue Gabriel-Péri). Vernissage vendredi 14 février à 18h. Entrée libre. www.60adada.org