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Le JSD part en live /
Légaliser le cannabis : solution pour endiguer la violence dans les quartiers ?
« Il faut dépénaliser l’usage des drogues, plutôt que punir, il faut prévenir, soigner, aider. » Farid Ghehiouèche, co-fondateur du Collectif Cannabis sans frontières et organisateur de la Marche mondiale du cannabis, était l’un des intervenants au premier débat de l’émission « Le JSD part en live », du Journal de Saint-Denis, jeudi 22 novembre. Aux côtés de Julien Villain, président de l’association dionysienne Coïncide, de Gisèle Lefebvre, retraitée habitante de la cité Duclos, ce militant pour la légalisation du cannabis a affirmé sa position quant à l’épineuse problématique de la répression du stupéfiant dans l’Hexagone.
« Ce qui me donne envie aujourd’hui de proposer la légalisation du cannabis, ce sont surtout toutes les solutions qu’on pourrait trouver derrière. Aujourd’hui, on est dans un statu quo où on voit que les choses vont de mal en pis », a avancé Farid Ghehiouèche, favorable à un changement de « vision » sur la question du cannabis et des drogues en général. Pour Julien Villain, président de Coïncide, association dionysienne qui propose de l’aide aux devoirs et des ateliers création de CV et lettre de motivation aux jeunes, notamment ceux du quartier Gabriel-Péri, « il faut être aveugle pour ne pas voir que le quartier est soumis aux règles du trafic ». En tant « qu’acteur de terrain », ce jeune homme de 21 ans a expliqué être « directement confronté » à ces problèmes. Mais « la question de l’usage des drogues modèle le cadre de vie des jeunes et leur manière de se voir dans l’espace public et politique. Pour eux, cela fait partie de leur quotidien, précise-t-il. Je trouve qu’il y a un décalage énorme entre ce quotidien et les mesures politiques et légales qui sont appliquées. »
Instaurer un débat en France
Gisèle Lefebvre, dionysienne, habite depuis 1989 à la cité Jacques-Duclos. Elle s’est intéressée à la question de la légalisation il y a quelques années, en raison des problèmes de trafic qui persiste dans son lieu de vie. « Depuis cinq mois, on a une brigade, la BTC, qui a été dédiée à la lutte contre le trafic dans nos quartiers. Elle fait son travail en faisant des arrestations, mais la vie est toujours pareille pour les habitants. Il y a toujours des guetteurs », a-t-elle fait savoir lors du débat. La retraitée a également fait référence aux problèmes de nuisances récurrents vécus par les habitants de sa cité.
En juin 2018, dans un billet écrit pour la rubrique @Vous du Journal, Gisèle Lefebvre avait interrogé la possibilité de légaliser le cannabis, « mais pas n’importe comment. Il faut un encadrement comme certains pays le font ». Si la Dionysienne penche pour un encadrement par l’État de la légalisation du cannabis « pour gérer les problèmes », Farid Ghehiouèche, lui, prône plutôt pour une autogestion du cannabis par des usagers, sur le modèle des cannabis social clubs (CSC). Pour Julien Villain, qui dit ne pas avoir d’avis sur la question du trafic, « ce serait pas mal de dépénaliser » le cannabis pour « éviter de gâcher la vie de jeunes ». Quant à la légalisation, s’il dit « ne pas savoir si ça peut faire baisser les violences », il prend l’exemple de Denver, la capitale du Colorado, « où on a constaté une baisse de 20% des délits et crimes par habitant depuis la légalisation du cannabis en 2014 ».
« Hypocrisie » de la politique du gouvernement, stigmatisation des jeunes des quartiers populaires, développement d’un modèle français de légalisation du cannabis, travail des policiers sur le terrain, nature des substances contenues dans le cannabis… Divers points ont été abordés lors du live. Les intervenants ont apporté de manière directe leurs avis personnels et connaissances sur un sujet vaste, objet de polémiques. À l’été 2018, le maire de Saint-Denis avait mis en lumière « l’échec de la lutte contre le trafic de stupéfiants » dans la ville, a rappelé au début du débat Yann Lalande, directeur de la rédaction du JSD. Aujourd’hui, « pourquoi on n’organiserait pas un grand débat sur la légalisation du cannabis en Seine-Saint-Denis avec des élus locaux pour donner l’exemple ? », a demandé Gisèle Lefebvre, pour qui la « prohibition ne résout pas les problèmes mais en est la cause ».
Yslande Bossé
Réactions
Mourad (Pseudonyme non vérifié)
23 novembre 2018
domsd (Pseudonyme non vérifié)
24 novembre 2018
dominique (Pseudonyme non vérifié)
25 novembre 2018
domsd (Pseudonyme non vérifié)
26 novembre 2018