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Le JSD part en live
/ Légaliser le cannabis : solution pour endiguer la violence dans les quartiers ?

Jeudi 22 novembre, trois débatteurs étaient invités par le Journal de Saint-Denis, au 110, centre social coopératif, pour échanger autour de la question : « La légalisation du cannabis peut-elle faire baisser le niveau de violence dans les quartiers ? »
Julien Villain, Gisèle Lefebvre et Farid Ghehiouèche ont participé au premier débat de l'émission Le JSD part en live, jeudi 22 novembre au centre social coopératif.
Julien Villain, Gisèle Lefebvre et Farid Ghehiouèche ont participé au premier débat de l'émission Le JSD part en live, jeudi 22 novembre au centre social coopératif.

« Il faut dépénaliser l’usage des drogues, plutôt que punir, il faut prévenir, soigner, aider. » Farid Ghehiouèche, co-fondateur du Collectif Cannabis sans frontières et organisateur de la Marche mondiale du cannabis, était l’un des intervenants au premier débat de l’émission « Le JSD part en live », du Journal de Saint-Denis, jeudi 22 novembre. Aux côtés de Julien Villain, président de l’association dionysienne Coïncide, de Gisèle Lefebvre, retraitée habitante de la cité Duclos, ce militant pour la légalisation du cannabis a affirmé sa position quant à l’épineuse problématique de la répression du stupéfiant dans l’Hexagone.  

« Ce qui me donne envie aujourd’hui de proposer la légalisation du cannabis, ce sont surtout toutes les solutions qu’on pourrait trouver derrière. Aujourd’hui, on est dans un statu quo où on voit que les choses vont de mal en pis », a avancé Farid Ghehiouèche, favorable à un changement de « vision » sur la question du cannabis et des drogues en général. Pour Julien Villain, président de Coïncide, association dionysienne qui propose de l’aide aux devoirs et des ateliers création de CV et lettre de motivation aux jeunes, notamment ceux du quartier Gabriel-Péri, « il faut être aveugle pour ne pas voir que le quartier est soumis aux règles du trafic ». En tant « qu’acteur de terrain », ce jeune homme de 21 ans a expliqué être « directement confronté » à ces problèmes. Mais « la question de l’usage des drogues modèle le cadre de vie des jeunes et leur manière de se voir dans l’espace public et politique. Pour eux, cela fait partie de leur quotidien, précise-t-il. Je trouve qu’il y a un décalage énorme entre ce quotidien et les mesures politiques et légales qui sont appliquées. »

Instaurer un débat en France

Gisèle Lefebvre, dionysienne, habite depuis 1989 à la cité Jacques-Duclos. Elle s’est intéressée à la question de la légalisation il y a quelques années, en raison des problèmes de trafic qui persiste dans son lieu de vie. « Depuis cinq mois, on a une brigade, la BTC, qui a été dédiée à la lutte contre le trafic dans nos quartiers. Elle fait son travail en faisant des arrestations, mais la vie est toujours pareille pour les habitants. Il y a toujours des guetteurs », a-t-elle fait savoir lors du débat. La retraitée a également fait référence aux problèmes de nuisances récurrents vécus par les habitants de sa cité.

En juin 2018, dans un billet écrit pour la rubrique @Vous du Journal, Gisèle Lefebvre avait interrogé la possibilité de légaliser le cannabis, « mais pas n’importe comment. Il faut un encadrement comme certains pays le font ». Si la Dionysienne penche pour un encadrement par l’État de la légalisation du cannabis « pour gérer les problèmes », Farid Ghehiouèche, lui, prône plutôt pour une autogestion du cannabis par des usagers, sur le modèle des cannabis social clubs (CSC). Pour Julien Villain, qui dit ne pas avoir d’avis sur la question du trafic, « ce serait pas mal de dépénaliser » le cannabis pour « éviter de gâcher la vie de jeunes ». Quant à la légalisation, s’il dit « ne pas savoir si ça peut faire baisser les violences », il prend l’exemple de Denver, la capitale du Colorado, « où on a constaté une baisse de 20% des délits et crimes par habitant depuis la légalisation du cannabis en 2014 ».

« Hypocrisie » de la politique du gouvernement, stigmatisation des jeunes des quartiers populaires, développement d’un modèle français de légalisation du cannabis, travail des policiers sur le terrain, nature des substances contenues dans le cannabis… Divers points ont été abordés lors du live. Les intervenants ont apporté de manière directe leurs avis personnels et connaissances sur un sujet vaste, objet de polémiques. À l’été 2018, le maire de Saint-Denis avait mis en lumière « l’échec de la lutte contre le trafic de stupéfiants » dans la ville, a rappelé au début du débat Yann Lalande, directeur de la rédaction du JSD.  Aujourd’hui, « pourquoi on n’organiserait pas un grand débat sur la légalisation du cannabis en Seine-Saint-Denis avec des élus locaux pour donner l’exemple ? », a demandé Gisèle Lefebvre, pour qui la « prohibition ne résout pas les problèmes mais en est la cause ».

Yslande Bossé

Réactions

Merci à @yann.lalande d'avoir posé ma question même si Farid Ghehiouèche l'avait largement anticipée. J'ai regretté au début l'absence de contradicteur mais çà fluidifie le dialogue. Au final on a un seul son de cloche mais avec deux débatteurs qui maitrisent parfaitement le sujet. Pas totalement convaincu mais intéressant.
je n'ai pas assisté au débat malheureusement toutefois voici mon point de vue en tant que habitant dans le secteur "Delaunay Belleville" en copro entre 2 quartiers ghetto "Dourdain" et "Duclos" où règne les dealers. Le traffic de cannabis permet de fournir à ces jeunes désœuvrés et au ban de la société, du travail certes illégal mais du travail qui les occupe, leurs permet d'exister dans la société, leurs apporte une certaine stabilité mentale et surtout qui fait entretenir une paix sociale entre eux et les autres. Ces traffics illégaux permet de faire vivre une vingtaine de jeunes de ces 2 quartiers. Je pense en extrapolant, que les traffics de cannabis font vivre en France au bas mot un minimum de 100000 personnes de façon stable, je ne connais pas les chiffres exactes si quelqu'un peut les donner. Si la légalisation de la vente du cannabis est voté, alors des financiers par l'appât du gain créeront des chaines de "cannabis shops" qui ruineront ces traffics souterrains au black et mettront tout ces jeunes délinquants sur la paille puisqu'ils ne seront pas recrutés. Attendez vous alors une guerre civile en France. Je propose une piste, elle est ce qu'elle est, cette légalisation doit se faire en créant des "cannabis shops" financés par l'état au sein des quartiers de deals, autogérés par ces dealers. N'oublions pas que le rapport de force est en la faveur de ces jeunes délinquants qui n'ont rien à perdre matériellement et socialement contrairement aux gilets jaunes. En plus ils se sont déclarés inaptes à travailler légalement. Ils sont les vikings des temps modernes avec le dogme "ni dieu ni maîtres et ni conformismes sociaux". Ils n'ont plus peur de personne depuis qu'ils ont été adoubés par le laxisme intellectuel d'autorités issus d'institutions locale, régionale et nationale et des médias de type bobo, un laxisme existant depuis l'époque mitterrandienne.
"un premier débat de l’émission". Dans un débat il y a des contradicteurs. En l'absence d'opposants comment peut-on évoquer un débat ? Quand le commerce du cannabis sera dépénalisé, les trafiquants casseront les prix sur les drogues dures. Les consommatrices(eurs) deviendront plus accrocs. Davantage de violences se produiront dans les villes de Seine-Saint-Denis. La lutte contre le trafic de stupéfiants peut-être gagnée à Saint-Denis et dans les neuf villes de Plaine Commune. Pour cela il faut mettre en place une palette d'outils : une présence massive des Douanes d’Île-de-France sur les 47km2 de Plaine Commune (en 2018 elles y sont venues rarement), une multiplication des caméras de vidéo-surveillance sur les 12km2 de la ville de Saint-Denis, des locaux surs et des armes de catégorie B de calibre 7,65mm pour la Police Municipale dionysienne. En France 44% des 21700 policiers municipaux disposent d'une arme à feu, pourquoi pas à Saint-Denis ?
oubli: précédemment je parlais de légaliser la vente de cannabis pour éviter la guerre civile, mais il faudrait aussi lutter contre cette consommation de cannabis en asséchant la demande tout simplement. Comment? 1) d'abord faire un préventif efficace dans les collèges, lycées et universités en sensibilisant de façon percutante les jeunes ados sur les méfaits du cannabis sur la santé (destruction neuronique du cerveau, maladies mentales, fatigues physiques chroniques, violences gratuites, dépendances, etc), 2) en interdisant la consommation de cannabis par l'application d'amendes et l'introduction d'une clause de licenciement professionnel dans le code du travail en cas d'abus excessif de consommation 3) stage sanitaire et d'éthique de désintoxication pour les accrocs au cannabis. Apparemment depuis que l'on a légalisé le cannabis en Hollande, sa consommation dans ce pays baisse régulièrement excepté pour les étrangers qui viennent se ravitailler dans les coffee-shops.