Cultures

Interactivités littéraires avec Synésthésie

Cinq femmes écrivains en résidence à Synesthésie ont mené des travaux avec des habitants mêlant l’écrit aux nouvelles technologies. Restitution au théâtre Gérard-Philipe.


Elles sont cinq. Cinq femmes, cinq écrivains. Et ces cinq-là se sont réunies au sein d’un collectif, Vega, qui a mené avec Synesthésie d’octobre 2009 à octobre 2010 une résidence intitulée Interactifs, virtuels, vraiment ?, soutenue par le conseil général dans le cadre du programme Écrivains en Seine-Saint-Denis. Samedi 20 novembre à 17 h 30, une grande soirée de clôture baptisée IRL (In real life) se déroulera au TGP. « Ces cinq écrivains, dont quatre sont poètes, travaillent toutes sur la langue.

Et l’ambition première de Synesthésie est d’aborder la transdisciplinarité. Il nous a paru intéressant de confronter l’écrit et l’écran. Aujourd’hui, la lecture se transforme et c’est quelque chose qui bouscule. C’est pourquoi cette résidence nous a intéressés », explique Anne-Marie Morice, la directrice de Synesthésie.

« Il y a une vraie complicité entre nous »

Le collectif Vega est né d’un certain besoin de reconnaissance : « Il y a peu de femmes dans la littérature contemporaine et encore moins dans la poésie. C\'est difficile. Nous avons pensé qu’en nous unissant nous serions plus fortes, qu’on parlerait plus de nous.
Et puis il y a une vraie complicité entre nous », sourient Élisabeth Jacquet et Gwenaëlle Stubbe, à l’origine du collectif. Chacune est venue avec ses propres thématiques et a travaillé avec des publics forts divers, à Saint-Denis, La Courneuve et Aubervilliers.

Élisabeth Jacquet est la seule romancière du groupe. Elle a animé deux ateliers, à la résidence Croizat et au sein de l’association Femmes solidaires. « Avec les retraités de Croizat, nous avons créé un site sur les thèmes de l’espace, du temps, de la mémoire », explique-t-elle. Chacun a écrit, lus des textes à voix haute et effectué des recherches sur Internet. « Cela les a amené à réfléchir sur le monde qui arrive et qu’ils sont en train d’appréhender. » Avec Femmes solidaire, elle a travaillé sur l’image de la femme véhiculée par les magazines. « Nous avons créé un site pour détourner ces images, aller à l’encontre de ce formatage des esprits qui est pernicieux. »

Avec Véronique Pittolo, ce sont les collégiens de Garcia Lorca qui ont planché sur les jeux vidéo et l’addiction.

Gwenaëlle Stubbe a rencontré des adeptes des jardins ouvriers de La Courneuve. Munie de son téléphone, elle a filmé de courtes vidéos sur le lien social qu’induisent les gestes et le travail de la terre en ville. Avec Véronique Pittolo, ce sont les collégiens de Garcia Lorca qui ont planché sur les jeux vidéo et l’addiction. « Ils ont inventé des héros et une histoire décalés par rapports aux personnages habituels de ces jeux », raconte-t-elle.

Dans le même ordre d’idées, Virginie Poitrasson a travaillé avec des collégiens d’Aubervilliers et avec une plasticienne, Karine Lebrun, sur l’identité virtuelle à travers des avatars. Elle est aussi intervenue à l’école d’arts plastiques Gustave-Courbet. Enfin, Vannina Maestri est allée à la librairie Folies d’encre pour interroger les clients sur leur pratique quotidienne d’Internet, « un outil qu’on dramatise mais qui multiplie les contacts », lance-t-elle.

C’est cette somme de travaux qui mêlent créativité, questionnement sur le langage et partage d’expériences qui sera restituée au TGP samedi. « Chacune présentera son travail, avec des projections, des présentations de sites, des lectures, des performances », annonce Anne-Marie Morice. Une soirée qui se veut festive, inventive et ouverte.

Benoît Lagarrigue
 
A télécharger  : la bibliographie des cinq auteures en résidence
Voir aussi : http://www.synesthesie.com

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