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Foncièrement indispensable
Il restait 16 affaires à traiter quand les élus sont venus à manquer. 1h10 du matin, Hervé Borie (opp.PS) et Philippe Caro (opp.FDG-non inscrit), emboîtant le pas à d’autres élus, quittent la salle du conseil, obligeant de fait le maire à mettre fin à une séance démarrée six heures plus tôt. Les élus ne sont plus suffisamment à siéger (ils doivent être au moins 28). La fin de l’ordre du jour sera réexaminée mardi 2 juillet (19h). Et cette fois, quorum ou pas, le conseil ira à son terme.
L’épisode 1 de cette séance à rallonge s’était ouvert sur la très attendue création de la foncière commerce. Pour Didier Paillard (maj.FDG), rapporteur de l’affaire en tant que conseiller municipal délégué au commerce, ce nouvel outil intègre une stratégie plus globale de redynamisation du centre-ville. Un outil singulier dont peu de collectivités sont dotées, et qui doit assurer le développement d’une offre commerciale diversifiée et attractive selon l’ancien maire.
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Foncière opérationnelle en octobre
Les objectifs assignés à ce nouvel instrument de politique publique, dont le coût de mise en œuvre s’élève à 36 000 € pour la Ville, sont ambitieux en effet. Acquisition de 83 rez-de-chaussées commerciaux (les murs uniquement) à l’horizon 2028 pour une surface de près de 7 000 m2 et un portefeuille d’actifs de 14,7 millions €. La méthode, si elle est onéreuse, se veut efficace. Concrètement, en se portant acquéreuse de cellules commerciales via cette SEM, la Ville s’offre l’opportunité de choisir l’activité qu’elle y installera.
La foncière « Saint-Denis Commerces » qui sera opérationnelle le 1er octobre concentrera son action sur la rue Péri (de la Porte de Paris à la place du 8-Mai-1945) et la rue de la République. Afin d’amorcer la pompe, 19 cellules commerciales, appartenant déjà à la Ville mais confiées jusque-là à PCH, vont intégrer le portefeuille d’actif de la foncière. Cette dernière va donc percevoir des recettes locatives dès son premier mois d’existence. Une manne qui va abonder sa trésorerie. L’objectif ensuite est de réaliser trois à quatre acquisitions par an sur une base de 1 300 à 1 800 € le m2. L’idée étant, une fois bien installée (6 ans), de revendre l’activité au prix de 2 300 € le m2 afin de pouvoir financer de nouvelles acquisitions.
Qui dit SEM dit actionnariat. Avec 65% des parts et un apport de 2,3 millions € au capital, la Ville est majoritaire. Suivent la Caisse des dépôts (25,5% des parts et 1,2 million € d’apport), la société Cristal (5% et 200 000 €), la société Alan Peters (2,5% et 125 000€), la compagnie de Phalsbourg (1%, 50 000 €) et Icade (1%, 50 000 €). Un pacte d’actionnaires traduit dans les instances de « Saint-Denis Commerces ». 8 des 12 sièges au conseil d’administration seront occupés par des élus dionysiens. Des élus pas tout-puissants cependant. Certaines décisions impliquant au moins un vote favorable d’un actionnaire privé. Le dispositif est complété par une assemblée générale, un comité technique d’engagement, un comité d’analyse des preneurs de bail, et d’un comité de consultation citoyenne.
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Diversité commerciale
Si Rabia Berrai (opp.PS) reconnaît l’utilité de l’outil mais regrette sa mise en place tardive, l’élu d’opposition considère que l’attractivité commerciale d’une ville dépend aussi de son environnement, pointant les problèmes d’insécurité et de propreté. Mêmes arguments chez Ferdinand Nino (maj.PSG) qui juge l’outil bon d’un point de vue stratégique mais estime que l’argent ne fera pas tout en matière de politique commerciale. La concurrence des centres commerciaux et du commerce en ligne ainsi que la dégradation du cadre de vie sont des adversaires redoutables pour le conseiller municipal. Patrick Vassallo (maj.REVE-Insoumis) soutient lui sans réserve le principe mais juge les modalités de mise en œuvre sujette à caution. Le processus de décision n’apporte pas assez de garanti à la Ville pour l’ancien élu au commerce.
Kader Chibane (maj.EELV), en dépit de cet accouchement tardif, continue de soutenir l’outil sans craindre une éventuelle minorité de blocage des actionnaires privés et en reconnaissant au contraire le besoin d’expertise sur la question. David Proult (maj.FDG) juge pour sa part normal que pour de telles sommes l’on prenne son temps. Le maire adjoint voit dans ce vote la volonté de ne pas se résigner face à une dynamique de marché défavorable à la diversité commerciale. La SEM va permettre de déroger aux règles de marché pour pouvoir apporter la preuve que d’autres commerces ont leur place en centre-ville au côté des pépites qui sont déjà là.
Sur la première délibération concernant la création de la foncière, le PS, Béatrice Geyres, Patrick Vassallo et Bally Bagayoko (maj.REVE-insoumis) se sont abstenus ; le reste du groupe REVE-insoumis a voté contre. La deuxième délibération relative aux instances de gouvernance a vu Philippe Caro, Michel Ribay (maj.EELV-non inscrit) et le PSG voter contre et le groupe REVE-Insoumis s’abstenir.
Yann Lalande
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