Cultures
Festival de Saint-Denis/
Du chœur à l’ouvrage
Un demi-siècle que la basilique accueille sous ses voûtes séculaires les plus grands orchestres nationaux et internationaux, dirigés par des chefs tout aussi remarquables. Le Festival de Saint-Denis est l’artisan de ces rendez-vous exceptionnels où se mêlent histoire et tradition, certes, mais aussi exigence et modernité. Et c’est toujours avec autant d’appétence que les habitués découvrent sa programmation qui a de quoi séduire les auditeurs experts comme les néophytes. Que contient donc cette édition 2019(1) ? Pour un démarrage, il n’y a pas mieux !
Myung-Whun Chung signera son grand retour le 3 juin en ouverture du festival avec la Deuxième de Mahler, compositeur de prédilection du maestro coréen. Un concert symbolique puisque Chung retrouvera l’Orchestre Philharmonique de Radio France, dont il a été le directeur musical de 2000 à 2015. « C’est une œuvre emblématique du festival qui sera donnée avec l’un des chefs les plus fidèles, confie Nathalie Rappaport, la directrice du Festival de Saint-Denis. Un long compagnonnage nous lie avec Chung. Le concert est en parfaite adéquation avec l’esprit du festival ».
Le 7 juin, Antonio Pappano fera ses premiers pas à Saint-Denis avec la cantate de Rossini, Giovanna d’Arco, Jeanne d’Arc en italien. « Ce sera une première pour Pappano mais aussi pour la mezzo-soprano Joyce DiDonato et l’orchestre de l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia », s’enthousiasme Nathalie Rappaport rappelant au passage que la pucelle d’Orléans s’est recueillie il y a 600 ans dans la basilique de Saint-Denis. Dans sa volonté d’ouverture à différents répertoires et traditions musicales, le festival propose aussi quatre dates qui détonnent.
Le chanteur jazz Grégory Porter à la Basilique
Le 14 juin, le chanteur americano-canadien Rufus Wainwright présentera un programme intitulé Mother, concert « intimiste » qu’il a lui-même mis en scène et conçu spécialement pour le festival. Le 18 juin, l’ensemble La Tempête proposera la création Prophète(s) qui mêlera chants sacrés chrétiens, juifs et musulmans à des chœurs de Brahms, Arvo Pärt et Rachmaninov. Comme son nom l’indique la soirée Cinéma du 20 juin sera entièrement dédiée aux musiques de film – de James Horner à Nino Rota en passant par Alexandre Desplat - avec l’expert en la matière, le violoniste Renaud Capuçon qui fête ses 20 ans de participation au festival et qui sera accompagné de l’orchestre de référence, le National d’Île-de-France.
Enfin, le chanteur jazz Grégory Porter créera l’événement le 1er juillet, avec un programme orienté gospel qui devrait prendre une dimension toute particulière dans la basilique. À noter aussi, le retour de l’Orchestre National de Lille, le 25 juin, sous la baguette d’Alexandre Bloch, pour une magnifique 5e de Mahler et le 27 juin, un concert autour de Tipett et Purcell avec l’Orchestre National de France et la directrice actuelle du Birmingham Symphony Orchestra, Mirga Gražinyte-Tyla. Le concert de clôture sera assuré par Sir John Eliot Gardiner, le 3 juillet, à la tête de son Monteverdi Choir et de son orchestre Révolutionnaire et Romantique pour un magistral Requiem de Verdi. Bien sûr, toujours dans la basilique.
50 ans
C’est donc une série d’événements exceptionnels pour un monument exceptionnel. Pour autant, cette formule suffit-elle à elle seule à expliquer la longévité du Festival de Saint-Denis ? À en croire sa directrice, Nathalie Rappaport, pour s’inscrire dans la durée il faut avant tout savoir s’inscrire sur un territoire. « Nos actions de sensibilisation menées depuis 25 ans dans la ville auprès des familles et des publics scolaires, l’attachement des élus locaux au développement de la culture et notre réseau de bénévoles ont contribué à nous ancrer sur le territoire, salue la directrice (depuis 2011) du Festival de musique classique qui souligne par ailleurs le soutien financier des mécènes privés à hauteur de 40 % du budget. Nous avons accompagné le développement de Saint-Denis en partant du Centre-Ville et en rayonnant jusque dans les villes de Plaine Commune et même au-delà ».
Cet ancrage est aussi rendu possible grâce au concours des ensembles contemporains tels le Balcon, la Tempête ou encore Pygmalion : « Faire appel à ces ensembles modernes nous permet de trouver un équilibre entre les orchestres symphoniques qui diffusent une tradition, et ces jeunes équipes qui sont très proches de notre époque. On pense souvent que la musique classique est figée dans le temps, mais depuis une vingtaine d’années les musiciens se montrent plus mobiles, plus dynamiques et n’hésitent pas à construire des ponts avec d’autres traditions musicales ».
Maxime Longuet
(1) Programmation complète à retrouver sur le site www.festival-saint-denis.com.
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