En ville
Proposition de loi/
Coquerel s’attelle au trafic de drogue
Le député (LFI) Éric Coquerel prépare un projet de loi pour « éradiquer le trafic de drogue ». Une problématique « qui [le] tient à cœur ».« Cela pourrit la vie des habitants de ma circonscription. Cela fait des blessés et des morts, notamment parmi les petites mains du trafic. On ne peut pas admettre que des jeunes de 20 ans et moins meurent à cause de ça », explique l’élu insoumis de la première circonscription de Seine-Saint-Denis.
Il fait référence à la mort de deux jeunes hommes, âgés de 17 et 25 ans, tués à Saint-Ouen en septembre dernier dans un règlement de compte lié au deal. « C’est un problème majeur de sûreté, de santé publique et d’inégalités. Ceux qui subissent le trafic vivent dans les quartiers populaires », souligne le député d’Epinay-sur-Seine, de la Plaine, de l’Île-Saint-Denis et de Saint-Ouen.
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Mercredi 25 novembre, il a mené une première audition publique de Bruno Laforestrie, directeur de la radio Mouv’ à Radio France et auteur du livre Hasch, la honte de la République sur le tabou du cannabis en France. Dans les prochaines semaines, il projette d’organiser une série d’entretiens vidéo sur Facebook où il appelle les habitants de son territoire – « les premiers intéressés » – à participer aux débats en posant leurs questions. « Je compte interroger des policiers, des médecins, des habitants de quartiers qui sont confrontés à ce trafic, et j’aimerais bien, pourquoi pas, avoir des gens qui ont été trafiquants pour avoir la vision la plus globale », précise-t-il.
Rendre possible la légalisation
Il part d’un constat : celui de l’échec de la politique répressive dans les quartiers. « Vous pouvez mettre autant de policiers que vous voulez, cela ne marche pas. On le voit bien à Saint-Ouen », justifie-t-il. « A mon avis, il faut légaliser le cannabis, sous le contrôle, voire le monopole de l’État, afin de vérifier le produit, aujourd’hui beaucoup plus dangereux qu’il y a une vingtaine d’années, et de saper cette forme de délinquance capitaliste sauvage », argumente l’élu. Les drogues dures ne sont pas concernées par cette légalisation, précise-t-il. Selon lui, il faut rediriger les moyens des forces de l’ordre : la police d’intervention dans les quartiers doit devenir une police de proximité, explique-t-il, tandis qu’il faut renforcer les moyens de la police judiciaire pour enquêter et lutter contre les réseaux. « Pour l’instant, je pars avec cette idée, mais cela peut évoluer », ajoute M. Coquerel.
Le député appelle les élus locaux à se « coordonner » nationalement pour « mettre la pression » et rendre possible, un jour, la légalisation. « A la fin, c’est à l’Assemblé nationale que la loi change. De plus en plus de députés s’intéressent à cette question. Les lignes bougent », dit l’insoumis, qui en juin 2019 s’était joint à une proposition de loi pour légaliser le cannabis, portée par des députés de différents bords politiques. D’ailleurs, après les auditions publiques, Eric Coquerel a l’intention d’associer d’autres élus à son projet qu’il compte présenter à l’Assemblée en 2021.
Aziz Oguz
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Réactions
camille (Pseudonyme non vérifié)
27 novembre 2020
Thomas (Pseudonyme non vérifié)
29 novembre 2020
LEFEBVRE Gisèle (Pseudonyme non vérifié)
04 décembre 2020
lecteur-jsd (Pseudonyme non vérifié)
06 décembre 2020