Rideau noir tiré en vitrine comme pour illustrer un monde de la culture en deuil. La librairie Folies d’Encre, à l’instar de tous les commerces jugés « non-essentiels », ferme ses portes jusqu’en décembre. Depuis l’annonce du confinement le 28 octobre par le président Macron, durant laquelle le sort de la culture n’a jamais été évoqué, c’est la consternation dans ce secteur qu’aucune sortie politique n’est venue rassurer.

Alors, malgré le sentiment d’injustice, on applique à nouveau les recettes du 1er acte. L’unique librairie dionysienne lance l’opération « click and collect » pour tenter de se maintenir à flot. Du mardi au samedi de 14h à 18h, la boutique ouvrira pour récupérer les ouvrages commandés sur www.placedeslibraires.fr ou via preambule93@orange.fr si les livres souhaités ne se trouvent pas sur le premier site.

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« Nous espérons que cette organisation nous évitera de sombrer et/ou de fermer définitivement », invoque la librairie, en effectif réduit, qui a annoncé s’être concertée avec des partenaires tels que le TGP et plusieurs associations afin d’apporter des « réponses communes à la crise que [nous] traversons ». Le cinéma art et essai l’Écran a également fermé ses portes pour confinement. « C’est assommant, souffle Boris Spire, son directeur. Nous sommes en pleine préparation de notre festival de février. Nous nous donnons jusqu’à fin novembre pour prendre une décision de changement de date. Pour l’heure, nous ne prenons pas d’engagement avec nos invités car il n’y a pas de ligne d’horizon. C’est hyper affolant d’être dans le trou sans voir de lumière. »

L’équipe du cinéma va rester active sur les réseaux sociaux en poursuivant son partenariat avec la plateforme Universciné et la mise en place d’un tarif avantageux pour ceux qui suivent la page Facebook du cinéma. « C’est important de continuer, mais cela reste tout de même très symbolique », admet M. Spire. Au TGP, toutes les représentations sont annulées au moins jusqu’au 1^er décembre, parmi lesquelles celles de Danse Delhi, du nouveau spectacle de la Troupe Éphémère ou encore de Hors la loi avec la Comédie Française. Aucune décision n’a été prise quant à d’éventuels reports.

Répétitions maintenues

« Les compagnies ont besoin d’en discuter en interne. La seule solution concrète ce serait d’annuler définitivement. Mais ce n’est pas ma position, déclare Julie Deliquet, la directrice de ce Centre dramatique national. L’embouteillage du report ne va pas pouvoir se faire comme la dernière fois. L’équation à résoudre c’est comment ne pas condamner les compagnies qui vont se produire dans les prochains mois et celles qui devaient se produire. Les accompagner financièrement ne sera pas suffisant. » Le TGP offre la possibilité aux compagnies programmées d’utiliser les espaces qui leur étaient réservés comme les décrets l’autorisent. Répétitions maintenues, tout comme les activités périscolaires. Il en va de même pour l’académie Fratellini, qui a annulé tous ses spectacles de novembre et est dans l’attente concernant son spectacle de Noël qui touche près de 8000 enfants par an.

« Notre centre de formation maintiendra ses cours. Les répétitions seront également maintenues tout comme nos activités périscolaires, mais seulement dans le cadre des temps scolaires. Nous attendons le feu vert pour les spectacles conçus pour les maternelles qui représentent une soixantaine de représentations par an à Saint-Denis, précise Stéphane Simonin, le directeur de l’académie de cirque. Ce qui nous inquiète, c’est la précarisation pour les jeunes artistes et compagnies car notre rôle est de les accompagner. »

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Enfin, en vertu du décret paru le 29 octobre, le conservatoire de musique et de danse maintiendra ses cours en présentiel uniquement pour les élèves en Classes à horaires aménagés musique (Cham) et en visioconférence pour les autres (soit 800 élèves). Les activités périscolaires (accueil des loisirs, maternelle, crèche…), elles, se poursuivront. Enfin, le musée d’art et d’histoire Paul-Éluard étant fermé, l’exposition événement Picasso, Éluard, une amitié sublime prévue en novembre est reportée. Il faudra prendre son mal en patience pour que la culture resplendisse à nouveau à Saint-Denis.

Maxime Longuet