En ville

Le chiffre de la semaine
/ 100 chaînes humaines

Le nombre de chaînes humaines organisées par les parents d’élèves devant le groupe scolaire Victor-Hugo depuis le 17 mai. Ils dénoncent notamment les conséquences du trafic de drogue dans le quartier, et ils sont de plus en plus nombreux à pencher pour la légalisation du cannabis afin d’apporter une solution au problème.
Vendredi 15 novembre, une dizaine de parents d'élèves du groupe scolaire Victor Hugo effectuent une centième chaîne humaine malgré la pluie. © Aziz Oguz
Vendredi 15 novembre, une dizaine de parents d'élèves du groupe scolaire Victor Hugo effectuent une centième chaîne humaine malgré la pluie. © Aziz Oguz

C’est une centième chaîne humaine pluvieuse. Ce vendredi 15 novembre, ils sont une dizaine de parents du groupe scolaire Victor-Hugo à se tenir la main malgré les trombes d’eau qui s’abattent sur eux. C’est beaucoup moins que d’habitude.

Depuis le 17 mai dernier, et leur première chaîne humaine, ils étaient généralement entre 30 et 120 Dionysiens, pour la plupart des mamans du quartier, pour mettre une limite entre l’école de leurs enfants et le trafic de stupéfiants qui s’est banalisé à Delaunay-Belleville dans le nord de la ville. Ces parents n’avaient pas voulu rester les bras croisés après une intrusion en plein après-midi le 13 mai dans l’école Victor-Hugo, le confinement des élèves, puis la découverte de petites quantités de cannabis dans l’enceinte du groupe scolaire. Des événements qui ont tout changé pour ces Dionysiens.

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Fabienne, mère de famille a vu une nouvelle dynamique s’installer entre les parents qui échangent régulièrement dans un groupe de messagerie sur Whatsapp. « Avant, on se croisait. On déposait vite fait, bien fait nos enfants. Et maintenant, on prend le temps de se parler, de s’écouter, de régler les problèmes des uns et des autres », confie cette Dionysienne au côté de Linda, mère de trois enfants devenue depuis amie alors qu’elles ne se connaissaient pas jusqu’ici.

« C’est devenu un rituel pour nous. La chaîne nous rappelle que la lutte continue. Nous devons préserver nos écoles et nos cités. C’est comme un réveil. Cela a créé un élan de solidarité dans le quartier », dit Wenceslas Balima, père d’une petite fille, qui cite les nombreux événements organisés par les habitants comme la fête de la musique en juin ou Halloween en octobre dernier.

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Élue du quartier, Florence Haye (PCF) « salue » la « mobilisation » des parents qui a été « déterminante » auprès de l’État. « Grâce à leur mobilisation et à celle de la mairie, il y a eu une amélioration dans le quartier », appuie la maire-adjointe, habitante de Delaunay-Belleville, qui constate une présence accrue des forces de l’ordre sur le terrain depuis la mise en place des chaines humaines et leur forte médiatisation l’échelle nationale. « On a totalement eu raison de se motiver et de mobiliser », estime Fabienne, qui dit avoir retrouvé « du pouvoir » grâce à ces actions.

La chaîne humaine et sa médiatisation, couplé au renforcement de la présence policière, avait créé des frictions avec les jeunes impliqués dans le deal. Après la rentrée, ces derniers avaient menacé plusieurs mamans du quartier, dont deux sont aujourd’hui accompagnées par la Ville dans leur demande de relogement. « La situation s’est tassée », rassure Fabienne, qui comme d’autres habitants demande plus de moyens pour accompagner la jeunesse. « L’idée n’est pas de stigmatiser les jeunes. On discute avec eux. Ils sont conscients de leur situation. Ils ont besoin de portes de sortie », rajoute Wenceslas.

« La répression ne fonctionne pas »

Il constate aussi une évolution sur la question de la légalisation du cannabis. « Au début, c’est une question que l’on abordait très peu entre parents. À la base, beaucoup étaient contre. Mais de plus en plus, des parents se disent qu’il faudrait peut-être légaliser le cannabis puisqu’ils voient sur le terrain que la répression ne fonctionne pas », souligne-t-il.

« Globalement, on est tous pour légaliser le cannabis. On vit dans le trafic. L’État doit l’encadrer. Il n’y a pas moyen de le gérer autrement. Et c’est aussi une question de santé publique », rajoute Fabienne. Quant à Linda, elle reste opposée : « Je sais pas si c’est vraiment une solution. »

« La répression ne fonctionne pas. Il faut qu’il y ait un débat sur le sujet, estime l’élue Florence Haye, qui constate des changements au sein de son parti et de la société en général. Les parents ont évolué sur cette question, alors que c’était une question tabou il y a encore quelques années. »

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Aziz Oguz

Réactions

Florence Haye. Reine de la tranquillité publique.. et de la récupération. "Grâce à leur mobilisation et à celle de la mairie, il y a eu une amélioration dans le quartier ». Je crois surtout que cette fois, les habitants vous ont obligé d'agir. Ce phénomène dure pendant des années et il a fallu que des mères de famille se bougent pour que la municipalité bouge. Sans elles, vous restiez spectateurs. Au delà de la légalisation (comme si cela allait régler les problèmes sociaux profond de la ville), c'est toute la question de l'aménagement de la ville et sociétal qui est à remettre en question. Comment se fait il que les plus précaires dans leurs vies se retrouvent à Saint Denis et pas ailleurs? Parquer dans des tours, enfermer dans un carcan qui ne leurs permets pas d'ouverture d'esprit. A Florence Haye, si le cannabis devenait légal... Pensez vous que ce marché échappe aux investisseurs pour le laisser à de petits revendeurs..??? Regader ce qui se passe au états unis, vous verrez que ce n'est pas tout rose et que les problèmes sociaux, eux restent. Malgré la dépénalisation. Quelle nulle.
Cet article me fait penser à Pétain... Collaborons ! C'est indigne d'une mairie de Gauche ! La légalisation du cannabis est la facilité toute trouvée lorsqu'on ne veut lutter contre ce fléau sanitaire ! Tous les médecins vous diront les dangers du cannabis sur la jeunesse ! Que fait la 7è adjointe à la Santé Mme Elisabeth BELIN pour prévenir de ce fléau à ne pas banaliser ?Le courage d'une mairie de Gauche serait de monter des campagnes d'information sur le plan sanitaire en liaison avec les professionnels pour mettre en garde contre ces drogues ! LA LEGALISATION NE REGLERA RIEN SAUF A ENCOMBRER NOS CENTRES DE SANTE,etc
bonjour Messieurs Azzedine et Dewaele. Depuis quelques temps, je vais sur le site du JSD. Je lis vos commentaires et je suis sidérée de voir tant de haine en vous au point d'injurier des personnes qui n'ont pas le même avis que vous. J'avoue que je ne comprends pas. Par contre, je suis d'accord avec vous M. Dewaele pour dire qu'il serait bien que la ville fasse de la prévention dans les écoles, les cités (l'Etat ne subventionne pas suffisamment).De la prévention contre les dangers du cannabis mais aussi du tabac, de l'alcool. L'alcool est aussi dangereux que le cannabis, notamment dans ce fléau que sont les violences conjugales, féminicides. Devrions-nous alors interdir l'alcool ? Non. l'interdiction ne sert à rien et automatiquement un trafic d'alcool verrait le jour comme ce fût le cas aux Etats Unis dans les années 20. Il me semble qu'un grand débat national doit s'ouvrir sur ce sujet et pourquoi pas déjà à St Denis, avec des Médecins, des Sociologues... et des citoyens comme vous et moi. On ne peut pas rester dans ce statu quo où des jeunes vont avoir leur vie brisée par ce trafic qui pour un temps leur permet d'avoir de l'argent. Ce trafic qui pourrit la vie de beaucoup de gens dans les quartiers, les cités. Je me suis beaucoup documentée sur ce sujet depuis que je suis concernée et j'aimerai partager toutes mes infos avec vous. Amicalement.
Bonjour @Gisele LEFEBVRE. Ce n'est pas de la haine, mais de la colère face à la nonchalance des élus complètement hors sol. Dire simplement que légaliser le cannabis va régler le problème, c'est juste une vue de l'esprit. La légalisation n'est acceptable si elle est maîtrisée par la puissance publique. Et pour l'instant, certains n'ont que ce mot à la bouche sans analyser les conséquences sur une telle démarche. A saint Denis, c'est devenu quasi légale vu le nombre de points de deal. Mais a force de mettre une population en souffrance au même endroit, vous ne pouvez plus la maîtriser... Merci à BRAOUEZEC d'avoir fait Saint Denis une ville monde. La municipalité a bougé parce que des mères de famille ont bougé. Sinon, on a un Didier Paillard qui nous qu'il fait bon vivre à Saint Denis... Et tous va bien dans le meilleur des mondes.
Je viens de voir votre réponse M. AZZEDINE. J'ai bien compris que cette équipe municipale n'est pas "votre tasse de thé" mais de là à les insulter, il y a un pas qu'il n'est pas correct de franchir d'après mon éducation. Et pourtant, moi aussi, cette équipe municipale ne répond pas toujours à mes attentes et me met en colère. Pour la légalisation, je suis d'accord avec vous pour dire que l'on ne peut pas faire n'importe quoi. Il ne faudrait surtout pas laisser çà au privé qui n'aurait qu'une idée c'est d'avoir plus de consommateurs et ne ferait pas de prévention. Il faut une légalisation encadrée par l'Etat avec un budget prévention conséquent avec des intervenants dans les écoles dès la primaire mais aussi de l'accompagnement pour les consommateurs en souffrance et qui le souhaitent. Je voudrais vous convaincre que nous ne pouvons pas rester sans rien faire alors que cette interdiction/répression qui dure depuis 50 ans est un véritable échec. Comme vous le savez, la répression c'est 500 millions d'euros par an qui ne servent à rien. Cette somme serait plus utile dans la prévention, vous ne trouvez pas ? Si vous pouvez vous les procurer, il y a 2 magazines qui parlent très bien de ce sujet : le N° 163 du bi-mensuel Monde Diplomatique de fév.mars 2019 et l'édition spéciale N° 2850 du 20 au 26 juin 2019 de l'OBS avec notamment le rapport du CAE (Conseil d'Analyse économique). Comme le dit un médecin suisse "avec la régulation, on n'élimine pas les problèmes, on les gère". Légaliser c'est mettre de l'ordre là où il n'y a que chaos, violence et impunité. Je vais m'arrêter là car Yann LALANDE va s'arracher les cheveux si nous entretenons une correspondance sur le site du JSD !!!!!! Amicalement.
Bonjour @Gisèle Lefevre. Je ne pense pas que Yann Lalande fasse de la censure sinon il l'écrirais. La il y a un débat courtois qui n'est pas forcément possible avec les soutiens indéfectibles de la municipalité. Je vous invite également à voir le film SICARIO. Le marché de la drogue est la et nous n'y pouvons rien y faire. La France est un pays de névrosés (alcool, cannabis et antidepresseurs...). La seul chose, c'est prevenir... Mais la sanction ne doit pas être ignorés en cas d'abus. A Saint Denis, les vendeurs existent parce qu'il y a un marché. Et que les gros dealers essaient par tous les moyens de protéger leurs revenus comme n'importe quel commerçant le ferais. Mais est ce que que ce commerant est une plus value pour la ville? Il est sources d'insécurité permanente. Sous couvert de paix social, on ne peux pas faire n'importe quoi dans une ville. Saint Denis, la ville entière, est une anomalie en soit et les élus sont largement responsables et coupables de cet état de fait.