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Collecte des emballages recyclables
/ « Mieux valoriser ce que l’on produit, produire moins ce qui n’est pas valorisé »

Dès le 1er janvier, à Saint-Denis, la collecte des emballages recyclables (bacs jaunes) va retrouver le rythme hebdomadaire qu’elle avait abandonné en mars 2015. Objectif : mieux collecter et mieux valoriser les déchets.
Corentin Duprey, adjoint au maire à la propreté et au cadre de vie et vice-président de Plaine Commune en charge du traitement et de la collecte des déchets. © Yann Lalande
Corentin Duprey, adjoint au maire à la propreté et au cadre de vie et vice-président de Plaine Commune en charge du traitement et de la collecte des déchets. © Yann Lalande

Certains d’entre vous ont commencé à recevoir dans leur boîte aux lettres le calendrier 2021 des collectes des déchets, verres et encombrants. Principale information : la collecte hebdomadaire des emballages recyclables, abandonnée en mars 2015, fait son retour dès le 1er janvier à Saint-Denis. Autre information importante, les secteurs de collecte passent de 12 à 15. Conséquence : pour 10 à 15% des Dionysiens le jour de collecte des poubelles jaunes va changer.

Promesse de campagne de Mathieu Hanotin, le ramassage plus fréquent des emballages recyclables atteindra-t-il son but, à savoir améliorer les performances de tri des Dionysiens ? Premiers éléments de réponse avec Corentin Duprey, adjoint au maire à la propreté et au cadre de vie et vice-président de Plaine Commune en charge du traitement et de la collecte des déchets.
 

Le JSD : Quel bilan avez-vous tiré de la baisse de fréquence du ramassage des déchets recyclables, instaurée le 1er mars 2015 ?

Corentin Duprey : Avec le nouveau marché de collecte passé par Plaine Commune qui divisait par deux la fréquence de ramassage des emballages recyclables, on était passé de 15kg d’emballages/an/habitant à 12,5kg/an/habitant en 2016. La performance de tri s’était effondrée, alors qu’on partait déjà de loin, puisque Plaine Commune est le plus mauvais élève en la matière dans la zone Syctom. Nous collectons deux fois moins de déchets recyclables que la moyenne départementale, trois fois moins que la moyenne régionale et presque quatre fois moins que la moyenne nationale. Ça a des conséquences sur la production d’ordures ménagères résiduelles (OMR), les poubelles grises pour faire simple, avec un tonnage supérieur.

Cette situation a un impact écologique évident, un impact économique important (le coût de traitement d’une tonne d’OMR est plus important qu’une tonne de recyclables), et un impact sur l’espace public en créant des désordres avec des bacs jaunes qui débordaient.

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Le JSD : Le précédent exécutif avait promis de rectifier le tir si sa stratégie ne s’avérait pas pertinente. Il ne l’a jamais fait. Pourquoi est-ce possible désormais ?

CD : Le marché de collecte de Plaine Commune sera renouvelé en 2022. Très concrètement, ce marché prévoit des tranches conditionnelles qu’on pouvait affermir. En gros revenir à une collecte hebdomadaire des emballages recyclables était techniquement possible moyennant le coût d’une prestation supplémentaire qui se chiffre à peu près à 300 000 €/an pour la seule ville de Saint-Denis. Au 1er mars 2022, on pérennisera cette collecte hebdomadaire à Saint-Denis et la question est posée aux différents maires du territoire. Sachant que les typologies de villes sont différentes, ce qui se justifie à Saint-Denis ne se justifiera peut-être pas dans d’autres villes. Nous suivrons le choix des maires.

Des camions de collecte rouleront au gaz naturel 

Le JSD : Un des arguments avancés pour justifier le passage à une collecte bimensuelle des recyclables, revenait à constater que les camions roulaient à moitié vide. Le problème ne va-t-il pas se présenter à nouveau ?

CD : Première chose, au 1er janvier 2019, les consignes de tri ont été étendues. Je m’attends donc à de meilleures performances. En 2019 on était déjà remonté à 13,75 kg/an/habitant. Aujourd’hui beaucoup de choses vont dans les poubelles jaunes. Deuxième point, les camions du futur marché de collecte rouleront tous au gaz naturel de ville. L’impact carbone sera donc minoré.

Le JSD : Par ailleurs, vous n’êtes pas très optimiste sur l’évolution des coûts de traitement des déchets…

CD : Il est important de baisser notre tonnage d’OMR car les coûts de traitement vont exploser du fait de la taxe générale sur les activités polluantes qui progresse énormément. Dans le même temps, les coûts de traitement du Syctom augmentent également, du fait du recours conséquent à l’enfouissement en 2019 et 2020, conséquence des grèves qui ont paralysé les usines d’incinération. L’idée est donc de mieux valoriser ce que l’on produit et de produire moins ce qui n’est pas valorisé. Nous sommes obligés de réinterroger la façon dont on consomme. Ce n’est pas parce qu’on ne voit plus les déchets qu’ils n’existent plus. L’enfouissement et l’incinération ont des conséquences écologiques et le coût des déchets pour la collectivité ne s’arrête pas à leur collecte. Il faut penser au traitement.

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Le JSD : La nouveauté c’est aussi l’édition d’un règlement de collecte…

CD : On rappelle quel est le règlement et quels sont les bons usages. Je suis toujours très surpris par exemple du nombre de personnes qui ignorent le jour de sortie des encombrants. À Saint-Denis c’est un jeudi sur deux, pour tout le monde. On a essayé de faire le document le plus clair et lisible en partant de la réalité qui est que beaucoup de gens sortent leurs bacs à tort, utilisent les points d’apport volontaires de la mauvaise manière. On sensibilise donc dans un premier temps et pour ceux qui s’en moquent le moment venu, dès l’année prochaine, nous nous donnerons les moyens de sanctionner les mauvais comportements.

Le JSD : Pour terminer, avez-vous un plan d’action au sujet des colonnes enterrées, qui depuis des années posent problème ?

CD : Le problème se pose essentiellement le week-end, quand les gardiens d’immeuble sont en repos. Le lundi matin dans certains quartiers, les abords des colonnes sont dans un état innommable. Nous allons actionner trois leviers. Le premier sera l’accompagnement des usagers, avec du personnel dans l’espace public en partenariat avec les bailleurs.

Le second sera l’enlèvement de dépôts sauvages pendant les week-ends. Le troisième sera l’expérimentation de nouveaux types de colonnes dans les endroits les plus problématiques, avec ouverture au pied par pédale et des tambours plus grands pour de sacs de 100 litres. Le risque c’est de voir des entrepreneurs en profiter pour balancer leurs gravats. Enfin, il peut aussi y avoir des problèmes de collecte, mais ils sont essentiellement liés à du stationnement intempestif. On a posé des demi-lunes pour y remédier  et nous faisons intervenir la police municipale. 

Propos recueillis par Yann Lalande
 

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Réactions

Bonjour. J'aurais une idée, c'est de créer le plastique day, 1 fois ou tous les 15 jours, en créant de lieux pour receuillir les plastiques (emballage, bouteille, etc...). Ce sont des déchets qui ne sentent pas, qui ne pourrissent pas. L'idée c'est que chaque foyer dispose d'un sac papier pour collecter l'ensemble des déchets plastique. Afin que les habitants soient acteurs de l'écologie. Evidemment, cela demande des efforts des habitants, de la collectivité. Mais c'est une expérimentation à faire.... Et qui ne coûte pas grand chose. Les lieux de collecte doivent être un lieu de passage quotidien. Pour revenir au quotidien, la précédente mandature a été d'une pauvreté sur le recyclage. Patrick Braouezec n'a jamais rien mise en place pour augmenter le recyclage des déchets.
Je tiens à remercier l'ancienne équipe de Plaine commune pour avoir fait mettre des containers joliment décorés dans l'hyper centre ville, cela nous a bien soulagés car nos locaux poubelles ne contiennent pas de poubelles jaunes et ainsi les personnes somme toute assez nombreuses peuvent vraiment trier et ont un endroit où déposer leurs emballages.