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Un père dénonce/
« Les policiers se sont déchaînés contre mon fils »
Aujourd’hui encore, Alex (1) ressent une petite douleur au niveau de sa cicatrice sur le crâne. Ce lundi 4 février, posé chez ses parents, le Dionysien, âgé de 19 ans, revient sur l’interpellation violente qu’il a subi trois mois et demi plus tôt. « Quand les policiers m’ont retrouvé, je savais qu’ils allaient me frapper, mais je ne pensais pas qu’ils allaient autant s’acharner sur moi », confie le jeune homme. A-t-on bien entendu ? « Vous vous attendiez à être frappé ? », le relance-t-on. « Oui, c’était sûr », confirme-t-il comme une évidence.
Revenons à la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 octobre. Il est environ minuit trente, Alex est à proximité de la place du 8-Mai 1945, porte d’entrée du centre-ville. Des policiers en voiture s’arrêtent pour le contrôler. Le Dionysien, qui avait commis un vol un quart d’heure plut tôt, décide de prendre la fuite. Il court en direction du domicile familial dans le quartier Delaunay-Belleville. Dans sa course, il perd ses clés. Ne pouvant entrer dans son immeuble, il se cache alors dans le jardin de la cour intérieure de sa cité.
Deux pertes de connaissance
« Deux policiers le retrouvent, pointant leurs lampes vers lui, mon fils met les mains en l’air en criant “c’est bon, je me rends” , rapporte son père, Mehdi (1), dans un mail adressé, en décembre dernier, au commissaire Laurent Mercier, chef de la police de Saint-Denis. Ils lui assènent une balayette qui le plaque au sol à plat ventre ». « Je ne me suis pas débattu », assure Alex. Deux autres agents arrivent ensuite sur place. « S’ensuit une pluie de coups de pied et de poing à répétition au visage puis des écrasements de tête en particulier d’un policier à lunettes aidé par ses collègues qui tenaient mon fils », écrit son père, qui a recueilli le récit de son fils et de deux voisins. Alex perd un instant connaissance. « Le défouloir passé, les policiers le tirent par les cheveux et le traînent sur quelques mètres puis le relèvent et recouvrent sa tête entièrement d’un sac plastique noir », continue Mehdi.
Dans une courte vidéo filmée par un riverain, que Le JSD a pu consulter, le jeune homme apparaît menotté avec un objet sur la tête. Il est escorté dans l’obscurité par six fonctionnaires, qui ne sont pas identifiables sur les images. Le cauchemar raconté par Alex va se poursuivre au commissariat central où il est emmené en garde à vue. Assis sur un banc, « les policiers lui baissent son pantalon et l’humilient » en exhibant son sexe, détaille son père. Les insultes fusent. « Sac à foutre, sale merde, fils de pute, etc.,», énumère Alex. Les policiers veulent connaître le nom de son complice. Il refuse de le donner. « Ils m’ont donné des coups, ils m’ont éteint », décrit-il. Deuxième perte de connaissance. Quand Alex se réveille, il est au poste de police de la Plaine, où il a été transféré par les policiers mis en cause. En mauvais état, il vomit en cellule. « On lui demande de ramasser et de nettoyer », précise le père.
« La juge était outrée »
Le jour même, il sera ramené au commissariat central. Il est ensuite transféré au tribunal de Bobigny pour la suite de la procédure concernant son délit. Le Dionysien a le visage gonflé avec de multiples ecchymoses et une coupure au cuir chevelu. «Mon état a choqué tout le dépôt à Bobigny. La juge, elle était outrée, raconte Alex. Un policier m’a dit que ce n’était pas normal, que je pouvais porter plainte ».
Libéré samedi 20 octobre, il passera un examen médical à l’hôpital Delafontaine qui lui prescrira 7 jours d’interruption de travail. Le 1er février 2019, Mehdi et son fils ont porté plainte auprès du procureur de la République par l’intermédiaire de leur avocat. Le père d’Alex ne veut pas que perdure un « sentiment d’impunité » parmi les forces de l’ordre, qui creuse le fossé entre les jeunes et la police. « Les policiers se sont déchaînés contre mon fils. Ils ont voulu se faire un mec de cité », fustige Mehdi. En décembre dernier, il a écrit au ministère de l’Intérieur, dont le cabinet a saisi le préfet de police de Paris pour un « examen approprié ». Il a aussi fait un signalement auprès de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui a diligenté une enquête administrative dans l’attente des suites données par le parquet de Bobigny. En attendant, ce 13 février, Alex sera jugé pour le vol commis juste avant son arrestation.
Aziz Oguz
(1) Les prénoms ont été modifiés
Réactions
Mourad (Pseudonyme non vérifié)
14 février 2019
Michel (Pseudonyme non vérifié)
14 février 2019
Azzedine (Pseudonyme non vérifié)
14 février 2019
Pierrr (Pseudonyme non vérifié)
14 février 2019
jsd biaisé (Pseudonyme non vérifié)
14 février 2019
Mourad (Pseudonyme non vérifié)
15 février 2019
goldo (Pseudonyme non vérifié)
15 février 2019
Houari Guermat (Pseudonyme non vérifié)
18 février 2019
democratie (Pseudonyme non vérifié)
19 février 2019
Azzedine (Pseudonyme non vérifié)
19 février 2019
democratie (Pseudonyme non vérifié)
19 février 2019
Azzedine (Pseudonyme non vérifié)
20 février 2019