En ville
« La Ville répare une injustice »
Le JSD : La Ville célèbre le 18 juin 2008 l’appel lancé, sur les ondes de la BBC, par le général de Gaulle le 18 juin 1940. Comment réagissez-vous à cette décision ?
Evelyne Nicol : Cela fait longtemps que je demandais à la municipalité de commémorer l’appel du 18 juin, et encore récemment dans un courrier que j’ai adressé au maire. Je lui rappelais à quel point cette date était une expression très forte pour la restauration de la liberté et lui confirmais mon regret que l’événement ne soit pas célébré comme il se doit. Je déplore que la Ville ait attendue soixante-huit ans pour réagir, qu’elle ait eu tant de mal à reconnaître l’apport de la résistance gaulliste, préférant ne mettre en avant que la résistance communiste, pourtant nettement postérieure au 18 juin 1940. Elle répare aujourd’hui une injustice et je me réjouis de l’initiative, à laquelle nous nous associons. J’espère que nous serons nombreux avenue du Général-de-Gaulle (1). Et les prochaines années, place de la Résistance-et-de-la-Déportation, lieu naturel de la commémoration.
Le JSD : Que représente l’appel du 18 juin pour une gaulliste comme vous ?
E.V. : Dans un moment d’abandon total, d’occupation de la France, l’appel du général a été une lueur d’espoir donnée par un seul homme à tout un peuple. L’appel est symbolique du courage que l’on doit avoir en politique. L’initiative est aussi un symbole d’union nationale : ceux qui ont suivi de Gaulle, dans un même élan, étaient à la fois des aristocrates, des pêcheurs de l’Île de Sein, des personnes modestes de tous horizons… Bien sûr, tout le monde n’a pas suivi. Nous avons même vécu le déshonneur au niveau local entre Pierre Laval à Aubervilliers et Jacques Doriot à Saint-Denis qui est passé de communiste stalinien à la collaboration avec les nazis. Du point de vue historique, il faut rappeler également que la France avait déclaré la guerre à l’Allemagne, sans la préparer réellement. Tout le monde se sentait trahi et le Général a fait en sorte que renaisse l’espoir. Surtout il a su, grâce à Jean Moulin, réunir toutes les familles de la Résistance et poser ainsi les premiers jalons de l’œuvre qu’il voulait accomplir après la Libération.
Le JSD : Le Sarkozisme s’inscrit-il, selon vous, dans la continuité historique du Gaullisme ?
E.V. : Je ne comparerai pas les hommes. Le Gaullisme, c’est avoir du courage en politique, le courage de mener des actions qui ne sont pas nécessairement reconnues dans l’instant mais qui vont dans le sens de l’histoire. Le Gaullisme, c’est aussi le pragmatisme et le souci de toujours relever avec courage les défis posés à la France : les réformes actuelles pour moderniser le pays sont conduites avec courage dans cet esprit. À mon sens, c’est en cela que l’action du président de la République s’inscrit dans la continuité historique du Gaullisme.
Recueilli par Dominique Sanchez
(1) Rassemblement à 11h30, avenue du Général-de-Gaulle, à l’angle de l’école Carson-Besson.