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« Faire avec les moyens que j’ai »
Laurent Mercier, 47 ans, en poste depuis le 4 septembre, a commencé sa carrière dans la police judiciaire avant de devenir commissaire en 2004. Il a alterné des postes de responsabilité à Créteil, Maisons-Alfort puis dans la capitale.
Le JSD : Saint-Denis est une ville difficile où il y a en moyenne 15 000 faits de délinquance par an. Avez-vous un plan d’action pour affronter cette situation ?
Laurent Mercier : Il faut savoir rester très modeste. Je ne me prendrai pas pour un super-héros qui va tout révolutionner. Je dois faire en sorte que l’on travaille bien à Saint-Denis. Je considère qu’on est un bon chef quand on est bien épaulé par ses équipes.
Le JSD : Vous n’avez pas de feuilles de route ?
LM : On ne m’a pas dit qu’il faut baisser la délinquance de tant de points. Ce serait ridicule. Je dois faire en sorte de lutter contre ce qui empoisonne la vie des gens, c’est-à-dire les vols avec violence, les vols par effraction, lutter au mieux et plus efficacement contre les trafics qui sont divers et variés. On pense a fortiori aux stupéfiants parce que cela gangrène des cités et pourrit la vie des gens, mais ce n’est pas le seul problème. Il y a des sites du centre-ville qu’il faut continuer à investir avec nos partenaires, comme le secteur de la gare ou celui touristique de la basilique.
Le JSD : Le 22 septembre, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a annoncé des renforts (1). Quels sont les effectifs de police à Saint-Denis ?
LM : On a effectivement des renforts qui vont arriver dans le courant du mois d’octobre. C’est un effort conséquent consenti par la Préfecture de police pour Saint-Denis et L’Île-Saint-Denis.
Le JSD : Le maire Laurent Russier juge qu’il faudrait à moyen terme 500 policiers, est-ce un objectif raisonnable ?
LM : Pour l’instant, je considère qu’avec les nouveaux renforts, on est en capacité de faire du bon travail. Mais je ne souhaite pas m’exprimer sur un chiffre d’effectifs particulier, ce n’est pas mon sujet. Mon sujet, c’est de faire avec les moyens que j’ai. Et là je considère qu’on peut faire des choses avec ce renfort d’effectifs.
Le JSD : Depuis le printemps 2017, le collectif d’habitants Citoyens debout contre les trafics demande à l’État d’assurer leur sécurité. Pourtant, ils voient la situation se dégrader…
LM : On a un système de trafic organisé dans des cités. Nous sommes présents dans ces endroits et on travaille d’arrache-pied pour interpeller un maximum de délinquants. Les dispositifs sont lourds, prennent parfois du temps. Encore récemment, des quantités importantes de drogue et des armes ont été saisies. Après, les trafiquants sont là parce qu’il y a des consommateurs. Notre travail, c’est d’utiliser tous les outils juridiques et techniques qui s’offrent à nous. Mi-septembre par exemple, on a mené des opérations avec les douanes pour verbaliser les consommateurs qui venaient acheter leur marchandise.
Le JSD : L’idée, c’est de tarir la source ?
LM : C’est de frapper du consommateur aux trafiquants. Notre travail, en sécurité de proximité, c’est de faire le maximum de dommages et de dégâts dans ce trafic. C’est la police judiciaire qui mène des enquêtes longues sur des trafics complexes et structurés.
Le JSD : Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a annoncé l’expérimentation de la police de la sécurité au quotidien d’ici la fin de l’année. Le maire s’est porté candidat. Y êtes-vous favorable ?
LM : J’y suis évidemment favorable. La situation est suffisamment sensible à Saint-Denis pour que l’on puisse l’expérimenter. Il faut se donner tous les moyens dans la lutte contre la délinquance et pour rendre notre action plus lisible et proche de la population.
Le JSD : Cela peut-il permettre changer la relation police-population ?
LM : On fait déjà de la police du quotidien. Et cela va se développer avec l’expérimentation du ministre. On a les délégués cohésion police-population (lire ici), les missions de prévention et de communication (MPC) où des policiers interviennent dans les écoles. Des agents sont fidélisés dans certains secteurs, comme le centre-ville, la gare et L’Île-Saint-Denis, Franc-Moisin, Gabriel-Péri. Ils sont connus et identifiés. Ils connaissent leur terrain.
Le JSD : Serez-vous le commissaire qui inaugurera le nouveau commissariat en 2020 ?
LM : J’aimerais bien ! Comme l’a annoncé le préfet en septembre, les travaux doivent débuter début 2018 pour une livraison deux ans plus tard. On aura plus de place, plus de moyens, des locaux adaptés pour que les policiers puissent travailler dans de bonnes conditions et pour que l’on puisse accueillir le public de manière satisfaisante.
Propos recueillis par Aziz Oguz et Yann Lalande
(1) Le préfet a annoncé 35 fonctionnaires supplémentaires, « soit 20 de plus que l’effectif de référence » mais sans donner l’effectif global. Début 2017, la ville comptait un peu plus de 300 policiers.
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sonia (Pseudonyme non vérifié)
04 octobre 2017
Houari Guermat (Pseudonyme non vérifié)
04 octobre 2017
tiv (Pseudonyme non vérifié)
04 octobre 2017
Thomas (Pseudonyme non vérifié)
05 octobre 2017
aziz.oguz
05 octobre 2017
Azzedine (Pseudonyme non vérifié)
05 octobre 2017